Le président de la république Kaïs Saïed a reçu hier, mercredi 6 novembre 2019, le journaliste et écrivain Taoufik Ben Brik. Cependant, le service de communication de la présidence s’est gardé de diffuser toute information à ce propos...
Les photos de cette rencontre ont été partagées hier après-midi, par Taoufik Ben Brik, sur sa page Facebook, en commentant «On rit jusqu’aux larmes», mais bizarrement aucune information officielle n’a été diffusée par le service de communication de la présidence, comme cela se fait habituellement.
On rappellera que Taoufik Ben Brik, qui est aussi chroniqueur sur Nessma TV, fait l’objet d’une enquête judiciaire ouverte par le ministère public auprès du tribunal de 1ère instance de Ben Arous.
Il est poursuivi pour avoir déclaré sur cette chaîne privée que : «dans d’autres pays, des armes se seraient levées pour libérer Nabil Karoui», en défendant son employeur, chef du parti Qalb Tounes, alors incarcéré pour une affaire de corruption financière, pour laquelle il est toujours poursuivi.
Taoufik Ben Brik, qui a été l’un des fervents soutiens de Nabil Karoui, lors du 2e tour de la présidentielle, avait appelé à libérer son employeur en affirmant que son incarcération a été décidée dans le cadre de règlements de comptes, tout en assurant que cette affaire est «une humiliation pour la justice».
Moins de 2 mois après l’arrestation du patron de Nessma, la cour de cassation a accepté, le 9 octobre 2019, la demande de libération émises par ses avocats, mais l’enquête se poursuit.
On veut bien entendre que M. Saïed est, comme il se présente, le champion de la lutte contre la corruption et un fervent défenseur des lois mais on veut encore plus qu’il le prouve, notamment en évitant de pareilles rencontres, qui plus est, au palais présidentiel, d’autant que M. Ben Brik n’a aucune qualité officielle pour y être reçu.
Le fait que la rencontre, hier, entre le président de la république et l’écrivain controversé soit passée sous silence démontre, peut-être, que cela gênait un peu Kaïs Saïed ou, tout au moins, son service de communication… Et ce n’est pas là un bon signe, car le Palais de Carthage commet ainsi deux bourdes en une : il inflige une gifle au prestigieux invité, renvoyé à son statut d’homme sulfureux et infréquentable, et aux Tunisiens qu’il ne tient pas informés de certaines de ses rencontres… secrètes.
Y. N.
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