Toujours aussi fidèle à son discours critique, du moins en apparence, envers son parti, le dirigeant au sein d’Ennahdha, Lotfi Zitoun, a estimé que son mouvement a penché vers la droite, voire l’extrême droite politique, dans son discours électoral, «après avoir effectué [durant les dernières années] un long voyage vers le centre». Le centre qui représente, à ses yeux, la position politique idéale, celle du peuple.
Invité d’Elyes Gharbi, à l’émission Midi Show, sur Mosaïque FM, l’islamiste (connu notamment pour ses positions modernistes lors de ses sorties médiatiques) a estimé, d’autre part, que son parti a, tout comme les autres, participé aux campagnes de ségrégation qui ont divisé les Tunisiens, notamment avec leur conception de la révolution et leurs parti-pris idéologiques.
Il aurait fallu, selon M. Zitoun, pour éviter ce dérapage politique, «cesser de mélanger les sentiments et la politique».
«Cette tendance à succomber aux émotions du public ne mènera nulle part. Il faut avoir la tête froide pour faire de la politique et ne pas chercher à satisfaire ses bases à tout prix, surtout quand on finit par se rendre compte que ce n’est pas la voix de la raison», a-t-il développé.
Interrogé sur la question politique du moment, à savoir la constitution du prochain gouvernement, le chercheur spécialisé en science politique et histoire a exprimé son souhait que le nouveau chef du gouvernement soit «une personne qui rassemble le plus grand nombre», quelle que soit son appartenance politique.
«Il peut être d’Ennahdha ou d’un autre parti. Il n’est pas impossible qu’une personnalité d’Ennahdha puisse rassembler. Sinon, on opterait pour quelqu’un d’autre. Mais se braquer sur ses positions et aller dans l’exclusion ce n’est pas du tout le bon choix» a-t-il ajouté.
Le politicien a, par ailleurs, estimé que tous les partis devraient avoir retenu la leçon de 2011 et de 2014 : «En 2011 [lors des élections constituantes], nous avions exclu le deuxième parti [faisant allusion à la Pétition populaire qui avait fini, en réalité, en 3e position] et nous avions formé une coalition fragile. Nous avons alors pu voir où cela a mené la Troïka. En 2014 c’est grâce à la sagesse politique de Béji Caïd Essebsi qu’il y a eu une coalition solide et cela a coûté très cher à son parti et même à sa personne. Aujourd’hui, il faut laisser les passions de côté et agir au mieux pour l’intérêt du pays.»
Sur un autre plan, Lotfi Zitoun a assuré qu’il appelle, depuis des lustres, à ce que son parti rende les travaux du conseil de la Choura (le bureau politique d’Ennahdha) disponibles aux médias, et ce afin d’éclairer les Tunisiens sur les débats qui s’y déroulent .
C. B. Y.
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