La 10e édition du projet artistique «Hors-Lits» est prévue pour le début de l’année 2020 dans 5 différents gouvernorats du pays, une initiative lancée par le collectif Al-Badil pour dynamiser l’accès à la culture en dehors des espaces «classiques».
Par Fawz Ben Ali
«Hors-Lits» est une manifestation artistique pluridisciplinaire et itinérante qui avait vu le jour d’abord à Montpellier en 2005. Le succès était tel que le projet s’est vite exporté dans une trentaine de villes sur les trois continents européen, américain et africain.
En Tunisie, «Hors-Lits» est organisé par le collectif Al-Badil (créé en 2010), en partenariat avec la fondation suisse Drosos et l’Institut français de Tunisie (IFT).
Un concept innovant et participatif
Le projet fête cette année sa 10e édition et continue de croire à un rêve : celui de démocratiser l’accès à l’art à travers un concept innovant et des solutions alternatives. Il s’agit en effet d’une expérience inédite et unique en son genre : repérer des jeunes de moins de 30 ans et leur offrir des formations théoriques et pratiques en management culturel pour qu’ils puissent organiser, dans leurs villes d’origine, des spectacles d’art vivant, non pas dans des espaces publics conventionnels mais dans des maisons privées.
Les propriétaires des lieux prêtent leurs cuisines, leurs salons ou encore leurs toits où se tiennent les performances de danse, de théâtre ou de musique, d’une vingtaine de minutes, et ce, face à un public invité à suivre une sorte de balade guidée entre les différentes demeures qui se transforment en des lieux de spectacles.
Le directeur artistique du projet, Selim Ben Safia, a souligné que «Hors-Lits» s’adresse essentiellement à un public qui n’a pas l’habitude de fréquenter les salles de spectacles, souvent par contrainte. L’idée est donc de proposer des espaces privés accessibles et gratuits comme alternative aux espaces publics classiques qui restent inexistants dans pas mal de régions intérieures du pays.
«Hors-Lits» a été en 2019 à Tunis, à Siliana, à Sfax, à Mahdia et à Sidi Bouzid, et sera au début de l’année 2020 dans 5 autres gouvernorats : Ben Arous, Kef, Gafsa, Kasserine et Kairouan.
Les organisateurs tiennent à ce que le projet soit présent dans les 24 gouvernorats du pays pour les prochaines éditions. «Au bout de 5 ans, 74 ‘‘Hors-Lits’’ auront été présentés dans les 24 gouvernorats, et 120 jeunes des régions auront été préparés au management culturel», selon les organisateurs de l’événement.
L’appel à candidature est d’ores et déjà lancé pour la 10e édition afin de choisir les 25 jeunes qui représentent les 5 régions. Le projet permet aussi une certaine visibilité à ces participants dont certains issus des précédentes éditions ont pu partager leurs expériences et savoir-faire en dehors de la Tunisie, et notamment à l’Institut du monde arabe à Paris.
Bouleverser les codes artistiques
Ce genre d’actions permet l’autonomisation des jeunes et la dynamisation du paysage culturel tunisien. «Hors-Lits» reflète une volonté de bouleverser les codes artistiques et surtout de tisser des liens forts entre les artistes, les spectateurs et les hôtes qui prêtent bénévolement leurs demeures, tout en offrant une proximité inédite et privilégiée à l’œuvre proposée.
«Hors-Lits» propose pour cette édition 5 formations sur 5 disciplines différentes avec des professionnels du secteur artistique : l’introduction aux fondamentaux du management culturel avec Cyrine Ganoun (directrice du théâtre El Hamra), initiation des pratiques artistiques dans l’espace public avec Essia Jaïbi (metteuse en scène et opératrice culturelle), les principes d’organisation d’événements avec Meher Askri (directeur de l’agence événementielle AskEvent), les enjeux de la culture à l’international avec Marie Decourtieux (directrice des actions culturelles à l’Institut du monde arabe) et comment élaborer un budget avec Ramzi Wannen (responsable financier).
Les formations auront lieu du 10 au 17 janvier, puis du 10 au 14 janvier 2020 dans les locaux d’Al-Badil à la Marsa.
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