Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a publié, aujourd’hui, 26 novembre 2019, un communiqué qui condamne fermement les propos de Yousri Daly, député de la coalition d’extrême droite, Al Karama, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), où il a franchi les lignes rouges de la liberté d’expression en incitant à la violence envers certains journalistes.
Yousri Daly avait, en effet, prétendu, le 24 novembre 2019, via un statut facebook, que les réseaux de terrorisme et de contrebande sont intimement liés à certains médias et journalistes, avant de nommer ces derniers et d’appeler à frapper tout ce beau monde – qu’il a mis dans le même panier – «là où ça fait mal» et à les «exterminer» (sic!).
Cet ancien cadre de la sécurité démis de ses fonctions au lendemain de la révolution de 2011 et qui s’est transformé en grand révolutionnaire devant l’Eternel, a également affirmé que, durant le prochain quinquennat, il y aura «une guerre et des os brisés». Une guerre déjà entamée, selon ses dires, par El Hiwar Ettounsi, qu’il a traitée de «chaîne de la prostitution».
D’ailleurs, tous les médias, journalistes et émissions cités par M. Daly ont, comme par hasard, une ligne éditoriale moderniste.
C’est d’autant plus regrettable que ces propos abominables émanent d’une personne qui, du fait de son nouveau statut de député, aura non seulement le privilège de légiférer, mais aussi celui de bénéficier d’une immunité le protégeant des poursuites judiciaires, malgré ce genre de dérapages. Ce qui remet en cause, pour la énième fois, la pertinence de cette mesure parlementaire.
«Les propos de M. Daly représentent une menace à l’intégrité physique des journalistes tunisiens», a indiqué le SNJT dans son communiqué, tout en mettant en garde contre cette incitation à la haine qui «pourrait ramener le climat de 2012-2013, caractérisé par les menaces de lynchage et les listes de de la mort, établies par les milices des ligues de protection de la révolution et les organisations terroristes.»
Pour rappel, certains membres desdites milices font justement partie aujourd’hui d’Al Karama. Un fait qui peut justifier cette tendance claire, de la part des dirigeants de cette coalition, à résoudre leurs différends idéologiques, tout comme leurs ancêtres politiques, en ayant recours à la violence.
Le syndicat a, par ailleurs, appelé l’ARP, qui est «un partenaire stratégique pour consolider les acquis de la constitution de 2014 en matière de liberté de la presse», à prendre «toutes les mesures appropriées pour éviter les discours d’incitation de certains députés» et à déclarer «son intention de renforcer la liberté de la presse dans la nouvelle législation.»
Cherif Ben Younès
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