Le Courant démocrate (Attayar) a annoncé, aujourd’hui, vendredi 6 décembre 2019, son retrait définitif des consultations sur la formation du prochain gouvernement, en affirmant qu’il ne lui accordera pas la confiance et préfère se positionner dans l’opposition.
Pour Attayar, Habib Jemli, le chef du gouvernement désigné par Ennahdha, a échoué dans sa mission et n’est pas parvenu à mener à bien les consultations : «Il ne nous a pas convaincus», affirme Mohamed Abbou, secrétaire général d’Attayar, au cours d’une conférence de presse organisée cet après-midi, en ajoutant que Habib Jemli n’a pas tenu ses promesses.
«Il avait affirmé qu’il n’était pas contre le fait de nous donner les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Réforme administrative, comme le parti l’a exigé dès le début, étant donné que ceux qui étaient au pouvoir avaient échoué à la tête de ces départements. Il s’est ensuite rétracté et nous refusons de négocier dans ces conditions», a-t-il insisté.
Mohamed Abbou a affirmé qu’Attayar ne souhaite pas gouverner avec Ennahdha, expliquant qu’il y a trop de divergences entre les deux partis et notamment sur le plan de la lutte contre la corruption, un volet auquel le Courant démocrate est attaché «pour que la Tunisie puisse se relever et sortir de la crise socio-économique», a-t-il dit
De son côté, Ghazi Chaouachi, député Attayar, a indiqué dans une déclaration à Kapitalis, que son parti ne votera pas la confiance au prochain gouvernement, en affirmant que l’on ne peut pas accorder la confiance et être dans l’opposition, comme prétendu par certains partis (en référence à Qalb Tounes).
Il a également estimé que Habib Jemli n’est pas en mesure de prendre des décisions et s’opposer au parti qui l’a désigné : «Tout semble avoir été joué avant même les négociations et il faut s’attendre à se retrouver avec un gouvernement très faible, le plus faible qu’ait eu la Tunisie, depuis la révolution de janvier 2011», a-t-il déploré.
Le député dit aussi craindre que le projet de loi de finances, censé être voté avant le 10 décembre à minuit (pour pouvoir débloquer les salaires de janvier 2020), soit finalement bloqué à cause de tous ces désaccords et l’ambiance générale au parlement. «Ce serait une première très grave dans l’histoire de la Tunisie», a-t-il alerté.
On notera que le mouvement Al-Chaab a annoncé, hier, dans un communiqué, qu’il ne participera pas, lui non plus, au gouvernement de Habib Jemli, en expliquant qu’il ne souhaite pas être témoin de l’aggravation de la crise économique et sociale et encore moins y contribuer.
Le mouvement Al-Chaab a estimé, lui aussi, que Habib Jemli a échoué : «Nous avons constaté un manque de sérieux du chef du gouvernement désigné face aux propositions présentées par le parti et sa détermination à reproduire les échecs précédents».
Y. N.
Donnez votre avis