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Ennahdha ne cache plus les négociations avec Qalb Tounes pour la formation du prochain gouvernement

Le dirigeant d’Ennahdha, Rafik Abdessalem, a avoué aujourd’hui, 16 décembre 2019, pour la première fois dans les médias, qu’il y a des concertations entre son parti et Qalb Tounes en vue de former le prochain gouvernement. Divine surprise ! Qui l’aurait dit ?

Par Cherif Ben Younès

En vérité, ce ne sera nullement surprenant de retrouver Ennahdha et Qalb Tounes côte à côte au prochain gouvernement, comme cela a été le cas lors du vote pour la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et ce au vu de plusieurs considérations politiques, qui ont notamment été expliquées par Kapitalis, dès le lendemain des élections législatives.

Le fait d’en parler ouvertement est néanmoins une nouveauté, puisque jusque-là, les dirigeants des deux partis ont toujours hypocritement balayé, dans les médias, l’hypothèse de gouverner ensemble.

Rached Ghannouchi, président et fondateur d’Ennahdha, a même déclaré, au début des concertations officielles, que si Qalb Tounes fera partie du gouvernement, son mouvement n’y sera pas !

L’ancien ministre des Affaires étrangères (décembre 2011 – mars 2013) a tenté, comme il pouvait, d’adoucir «le choc» de cette alliance imminente avec Qalb Tounes, qui vient violer les promesses – de ne jamais collaborer avec le parti dont le président, Nabil Karoui, est accusé de corruption – faites par les dirigeants du mouvement islamiste auprès de leurs troupes, lors de la campagne électorale.

A cet effet, il a affirmé que les négociations avec ce parti entrent dans le cadre des «contraintes politiques», advenues face à la «rigidité» de Mohamed Abbou, secrétaire général d’Attayar, avec qui les négociations officielles ont vraisemblablement servi d’alibi pour Ennahdha afin de justifier l’adoption du faux plan B (Qalb Tounes).

«À mon avis, les concertations avec Qalb Tounes n’aboutiront pas à une vraie alliance, mais le parti a assuré qu’il accordera son vote de confiance au nouveau gouvernement», a ajouté le gendre de Rached Ghannouchi, en s’attendant peut-être à ce qu’on conclue, par là, que Qalb Tounes votera au gouvernement d’Ennahdha rien que pour ses beaux yeux.

Ennahdha ne fait donc plus mystère des négociations qu’il mène (sans doute depuis le lendemain de la sortie des résultats des élections) avec Qalb Tounes et cela laisse penser que la prochaine étape devrait être l’annonce officielle d’une alliance entre les deux partis, à un mois du délai constitutionnel relatif à la formation du prochain gouvernement, une mission dont est chargé, pour la forme sans doute aussi, ledit «indépendant» Habib Jemli.

Quand ce théâtre d’ombres, qui n’amuse plus personne, va-t-il enfin prendre fin ?

Aujourd’hui, il faut être naïf pour croire les promesses respectives de ces deux partis de ne jamais (oh, jamais !) constituer une alliance politique, alors que tout indique qu’ils y travaillaient d’arrache-pied, probablement avant même les élections.

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