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Législatives : Les idiots du vote utile se sont une nouvelle fois fourvoyés

Les élections législatives tunisiennes tenues hier, dimanche 6 octobre 2019, semblent confirmer toutes les craintes exprimées avant le vote. Les résultats préliminaires issus de deux sondages de sortie des urnes effectués par deux cabinets privés donnent comme vainqueurs Ennahdha et Qalb Tounes, la peste et le choléra en somme, comme lors du 1er tour de la présidentielle.

Par Ridha Kefi

La «catastrophe», car c’en est une, n’ayons pas peur des mots, peut être imputée encore une fois aux idiots du vote utile, qui, on le sait, ne votent pas avec la raison mais avec les tripes, c’est-à-dire sous l’emprise de la peur, pour certains, ou de l’appât, pour d’autres.

D’un cauchemar à l’autre

Expliquons-nous : ces idiots utiles, qui, en 2014, ont voté Béji Caïd Essebsi et Nidaa Tounes pour faire barrage à Ennahdha, ont finalement fait revenir les islamistes dont ils avaient peur au cœur de l’Etat, car aussitôt les résultats des élections connus, le défunt président de la république a oublié ses promesses de campagne électorale pour se jeter dans les bras de Rached Ghannouchi et de ses partisans. La suite on la connaît : le consensus ainsi trouvé n’a pas tardé à détruire Nidaa Tounes au profit d’Ennahdha, devenu le premier parti dans le pays.

A l’occasion du premier tour de la présidentielle du 15 septembre dernier et des législatives du 6 octobre courant, les idiots du vote utile ont une nouvelle fois frappé. Après avoir juré leurs grands dieux qu’on ne le leur referait plus et qu’ils ne se laisseront plus rouler dans la farine du consensus, ne voilà-t-il pas qu’ils ont appelé à voter les «mafieux» (entendre Qalb Tounes, un parti créé en deux pas trois mouvements, quelques semaines avant le scrutin autour de Nabil Karoui, un affairiste pour le moins louche, incarcéré dans le cadre d’une enquête judiciaire et poursuivi pour fraude fiscale, corruption financière et blanchiment d’argent) contre les «obscurantistes» et les «daéchiens» (entendre le parti islamiste Ennahdha et se dérivés).

Le cauchemar, prévisible car annoncé par tous les sondages d’opinion depuis plusieurs semaines, n’a pas tardé à se réaliser : les idiots utiles ont, à l’insu de leur plein gré, fait gagner Ennahdha, venu en tête des suffrages, et Qalb Tounes, à savoir les «obscurantistes» et les «mafieux», deux en un en somme ou la double peine.

Deux pseudo-adversaires politiques

Ces deux pseudo-adversaires politiques, dont les chefs, Rached Ghannouchi et Nabil Karoui, ont toujours été très copains, le second s’occupant de la communication politique du premier à travers sa chaîne de télévision Nessma, ont réalisé de très faibles scores (entre 16 et 18 %) et vont sans doute devoir se jeter, prochainement, l’un dans les bras de l’autre, pour former une alliance gouvernementale avec d’autres partis.

Ce sera, on l’a compris, un remake du «film» de 2014, avec pour principaux acteurs l’indéboulonnable Rached Ghannouchi et le versatile Nabil Karoui, un ancien Nidaa Tounes, dans le rôle jadis campé par feu Caïd Essebsi, celui du menteur malgré lui ou par devoir patriotique.

Au vu des résultats annoncés, donnant un parlement éclaté composé d’une multitude de petits blocs, il sera difficile voire impossible d’échafauder d’autres scénarios, d’autant que trois partis, et pas des moindres, ont déjà annoncé leur rejet de toute alliance avec Ennahdha : le Parti destourien libre (PDL) de Abir Moussi, Harakat Al-Chaab (Mouvement du peuple) de Zouhair Maghzaoui et Attayar (Courant démocrate) de Mohamed Abbou, estimant que leur place naturelle, au vu des résultats, est dans l’opposition.

Aussi, et après le round des tractations d’usage, les dirigeants d’Ennahdha et ceux de Qalb Tounes ne tarderont-t-il pas à vous dire, la main sur le cœur, et en se bouchant le nez, qu’ils sont contraints à s’allier pour éviter au pays la catastrophe annoncée d’un vide gouvernemental ou d’un retour aux urnes, dans un délai court de deux mois, scénario catastrophe s’il en est, car le prochain gouvernement est censé discuter et adopter la loi de finances 2020 avant… le 31 décembre 2019.

On vous l’a dit, les idiots du vote utile ont, par leur aveuglement et leur inconscience, et à deux reprises, desservi le pays, en croyant, stupidement, le sauver des… islamistes. Et pour s’être ainsi mis le doigt dans l’œil, ils n’auront, au cours des cinq prochaines années, que leurs yeux pour pleurer.

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