Faisant le bilan de l’activité de son département durant son mandat, Slim Feriani, ministre de l’Industrie et des PME, s’est longuement attardé sur le redéploiement de l’industrie tunisienne et sur l’émergence de filières à forte valeur ajoutée dont l’agroalimentaire. Et à ce propos, le ministre a fait une mention spéciale pour le conditionnement de l’huile d’olive d’autant plus que l’huile d’olive tunisienne est à hauteur de 40% biologique.
Malheureusement, le conditionnement qui représente 20% de l’huile d’olive tunisienne exportée n’est pas du goût de certains grossistes qui font flèche de tout bois pour empêcher cette filière de se développer.
C’est ce qu’a dévoilé Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union européenne à Tunis, dans une interview accordée, l’été dernier, au journal ‘‘Le Monde’’. Il disait notamment : «En 2018, la Commission européenne a décidé d’octroyer un quota additionnel de 30.000 tonnes d’huile d’olive, en bouteille, conditionnée. Or il n’y a pas eu, malheureusement, de réponse tunisienne formelle. Le président [de la Commission, Jean-Claude] Juncker est revenu sur cet épisode lors de sa visite à Tunis en octobre 2018. La vraie raison tient sans doute à ce que des grossistes, dont certains sont des spéculateurs, ne voient pas d’un bon œil ce soutien européen, susceptible de favoriser l’émergence de nouveaux opérateurs tunisiens se lançant dans l’huile d’olive conditionnée made in Tunisia. Pour eux, l’essentiel tient à la préservation de positions non concurrentielles, et qui leur permettent a fortiori d’exporter de l’huile d’olive en vrac».
Ces déclarations n’ont pas été du goût des lobbys de l’huile d’olive au sein de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), qui s’était alors fendue d’un communiqué pour condamner les propos de M. Bergamini.
Pis, le ministère de l’Industrie ne s’est pas beaucoup démené pour aider les conditionneurs à s’adapter aux normes internationales qui leur permettent d’accéder à des marchés à forte potentialités commerciales.
Ainsi, seules «une dizaine d’entreprises tunisiennes du conditionnement de l’huile d’olive sont certifiées BRC Food, une norme qui comporte des exigences techniques en termes d’hygiène et de sécurité alimentaire», a déclaré, Mohamed Ayadi, expert consultant en organisation des entreprises, management des systèmes, évaluation de la conformité, métrologie et accréditation.
L’expert qui intervenait au cours d’un séminaire e rencontre sur les «Stratégies de management pour la reconnaissance oléicole et la valorisation de l’huile», tenu à la mi-décembre 2019, à Tunis, a fait savoir que les conditionneurs oléicoles affrontent généralement des difficultés techniques et d’investissement dans la mise en place de la norme BRC.
Cela pour dire que le ministère de l’Industrie se doit d’accompagner, en priorité, cette filière et d’aider les conditionneurs d’huile d’olive à obtenir la certification BRC, a avancé l’expert.
Khémaies Krimi
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