Jaouhar Ben Mbarek, coordinateur général du réseau Doustourna, est revenu ce matin, sur les ondes de Shems FM, sur l’échec des négociations entre, d’un côté, Ennahdha et Habib Jemli, chef du gouvernement désigné et, de l’autre côté, le trio Attayar, Echaâb et Tahya Tounes, en vue de former le prochain gouvernement.
Ayant joué le rôle de médiateur ou de «facilitateur des négociations», comme il se décrit lui-même, l’intervention de M. Ben Mbarek était plus qu’attendue, afin d’éclairer l’opinion publique sur les «non-dits» des parties concernées qui pourraient expliquer leur échec de parvenir à un accord.
Le professeur de droit constitutionnel s’est plutôt montré surpris de la position finale (même si pour lui, rien n’est encore définitif) d’Attayar et d’Echaâb.
Il estime, en effet, que les conditions émises par ces deux partis, pour faire partie du gouvernement, ont été satisfaites.
En ce qui concerne Echaâb, Jaouhar Ben Mbarek a assuré avoir lui-même rédigé, avec le journaliste et politicien Habib Bouagila, un document renfermant l’ensemble des points que le parti nationaliste arabe exigeait dans le programme gouvernemental et que ce document a été adopté par Habib Jemli.
Et pour ce qui est d’Attayar, il s’est vu accorder les deux ministères de la Justice et de la Réforme administrative, ainsi que l’organe de la police judiciaire, qui a été adjoint au département de la Justice selon la formule exigée et dictée par ce parti, assure Ben Mbarek, ajoutant que pour ce qui est du ministère de l’Intérieur (l’autre département gouvernemental revendiqué par Attayar), un indépendant, approuvé par ce parti, aurait été désigné à sa tête.
Jaouhar Ben Mbarek a donc du mal à comprendre pourquoi ces deux partis ont refusé de rejoindre le prochain gouvernement, d’autant plus qu’on leur a également proposé, si on en croit ses propos, le droit de veto concernant les 10 ministres indépendants que M. jemli veut se réserver, et ce étant donné qu’Attayar et Echaab craignaient que ceux-ci soient, en réalité, des personnalités proches d’Ennahdha.
Le politicien a, par ailleurs, indiqué qu’à un moment donné, le parti islamiste (accusé de privilégier, secrètement, son plan B, qui consiste à s’allier à Qalb Tounes) «s’est laissé convaincre de mettre tous ses œufs dans le panier du plan A», celui de gouverner avec Attayar, Echaâb et Tahya Tounes.
«Attayar a raté l’occasion de combattre la corruption comme il l’a toujours souhaité», conclura-t-il.
Jaouhar Ben Mbarek a, sur un autre plan, répondu aux critiques qui concernent sa propre personne, et selon lesquelles il ne se soucierait, à travers le rôle qu’il est en train de jouer, que de servir ses propres intérêts, et ce dans le but d’obtenir un poste au prochain gouvernement, au cas où Attayar, un parti dont il est particulièrement proche, y participe…
A cet effet, l’universitaire a précisé que Habib Jemli lui a déjà proposé un poste en tant que conseiller auprès d’un ministre, chargé du bassin minier de Gafsa, après avoir écouté et apprécié ses idées et projets concernant ce dossier, mais qu’il a refusé la proposition du chef du gouvernement désigné, assurant vouloir y travailler sans faire partie du gouvernement.
«Écarter Qalb Tounes du gouvernement, conformément à la ligne électorale du peuple tunisien, qui a massivement voté contre la corruption», telle est sa vraie ambition, indique-t-il, ajoutant que ses détracteurs n’ont pas accepté que deux simples citoyens (Habib Bouajila et lui) puissent jouer, en toute transparence, le rôle généralement joué sous la table par «une machine possédée par des lobbies et des familles au grand pouvoir».
C. B. Y.
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