José-Maria de Heredia (1842-1905) est un citoyen du monde avant l’heure, né sujet espagnol à La Fortuna, plantation de café de sa famille près de Santiago de Cuba, il sera plus tard naturalisé français. Ses parents sont nés à Saint-Domingue (capitale de la République dominicaine), son père est d’origine espagnol et sa mère est française.
Il est envoyé en France à l’âge de neuf ans pour poursuivre ses études au Lycée Saint-Vincent de Senlis, où il reste jusqu’au baccalauréat, en 1859. C’est un élève brillant et très apprécié. La découverte de l’œuvre de Leconte de Lisle fait sur lui une impression profonde.
De retour à Cuba en juin 1859, il passe un an à La Havane, approfondissant sa connaissance de la langue et de la littérature espagnoles avec le projet d’y effectuer des études de droit. C’est là qu’il compose les premiers poèmes français qui nous sont parvenus. Mais il n’y retrouve pas l’ambiance de travail qu’il avait connue en France, et l’équivalence du baccalauréat français lui est refusée pour des raisons administratives. Il retourne donc en France en 1861 en compagnie de sa mère, qui, veuve et ayant marié ses trois filles aînées, tient à veiller elle-même à l’éducation de son fils. Celui-ci s’inscrit en octobre de la même année à la Faculté de droit de Paris
Beaucoup plus attiré par la littérature que le droit, il continue à composer des poèmes, en particulier des sonnets, la fortune familiale, gérée avec rigueur par sa mère, lui épargnant pendant un certain temps les difficultés matérielles.
Son œuvre poétique a fait de lui l’un des maîtres du mouvement parnassien. Il est l’auteur d’un seul recueil, ‘‘Les Trophées’’, publié en 1893 et comprenant 118 sonnets qui retracent l’histoire du monde. Il est le père de la poétesse et romancière Marie de Heredia.
Ce poème ‘‘L’exilée’’ est tiré du recueil ‘‘Les Trophées’’ publié en 1893. Il est consacrée à Arsinoé IV, fille du pharaon égyptien Ptolémée XII, qui fut emprisonnée par César.
Dans ce vallon sauvage où César t’exila,
Sur la roche moussue, au chemin d’Ardiège,
Penchant ton front qu’argente une précoce neige,
Chaque soir, à pas lents, tu viens t’accouder là.
Tu revois ta jeunesse et ta chère villa
Et le Flamine rouge avec son blanc cortège ;
Et pour que le regret du sol Latin s’allège,
Tu regardes le ciel, triste Sabinula.
Vers le Gar éclatant aux sept pointes calcaires,
Les aigles attardés qui regagnent leurs aires
Emportent en leur vol tes rêves familiers ;
Et seule, sans désirs, n’espérant rien de l’homme,
Tu dresses des autels aux Monts hospitaliers
Dont les Dieux plus prochains te consolent de Rome.
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