Le dirigeant au sein de la coalition Al Karama, Abdellatif Aloui, a appelé aujourd’hui, 13 janvier 2020, Kaïs Saïed, président de la république et chargé de désigner un nouveau chef de gouvernement, à écarter Qalb Tounes et le Parti destourien libre (PDL) du prochain gouvernement.
Abdellatif Aloui a, en effet, exprimé le souhait de sa coalition de former «un gouvernement politique fort, composé de la plupart des partis politiques», à l’exception, donc, des deux cités ci-dessus, en plus de Tahya Tounes, dont la participation ne devra être que pour la forme, au meilleur des cas, exige-t-il.
Ainsi, après la chute du gouvernement des parties islamistes représentées au parlement, à savoir Ennahdha et Al Karama, la déclaration de M. Aloui signifie que sa coalition menace de ne pas accorder sa confiance à un gouvernement d’union nationale rassemblant toutes les forces politiques de la scène parlementaire, sans exception. Une option, à priori, très plausible et semblant être la seule qui peut mener à la réussite.
A moins que le conservateur se croit encore en position de force pour émettre ses exigences, comme ce fut vraisemblablement le cas avec le gouvernement de Habib Jemli, le désigné de leurs «frères musulmans» d’Ennahdha.
On peut également penser que c’est le populisme qui pousse le dirigeant d’Al Karama à faire ce genre de déclarations, parce que, comme on l’a vu lors du vote pour la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), la coalition islamiste a tranquillement fait partie de «la même équipe» que Qalb Tounes.
Al Karama ne s’est pas, non plus, opposée à ce que ce soit encore le cas lors du vote pour le gouvernement Jemli, pour lequel elle avait, en effet, annoncé son soutien alors que les concertations avec Qalb Tounes se poursuivaient encore. Sans oublier que ce gouvernement était accusé de comprendre certaines personnalités proches du parti de Nabil Karoui.
M. Aloui a, par ailleurs, souligné la nécessité de changer la méthodologie adoptée pour former le gouvernement, appelant à une réunion consultative collective avec toutes les parties (à l’exception de Qalb Tounes et du PDL, donc) dès le début afin que les programmes et les perceptions, notamment concernant les portefeuilles ministériels, soient présentés dès le début, de manière publique et sous la supervision du président de la République.
L’islamiste a, d’autre part, estimé que le passage au «gouvernement du président» est «l’occasion de tester la sincérité des partis qui ont poussé dès le départ vers cette option et de savoir si le but est vraiment de rechercher une véritable option nationale et pas seulement d’exclure un parti politique».
C. B. Y.
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