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Logistique portuaire : Des améliorations mais l’essentiel reste à faire

Talon d’Achille de l’économie tunisienne, la logistique portuaire, c’est-à-dire les flux de trafics transitant au travers des six terminaux portuaires de commerce dans le pays (Radès, Bizerte, Sousse, Sfax, Gabès et Zarzis), a connu une légère croissance en 2019 sous l’effet de l’adoption de nouvelles mesures en matière de bonne gouvernance et de décentralisation. Mais beaucoup reste encore à faire…

Par Khémaies Krimi

La première mesure phare a été, incontestablement, l’entrée en exploitation début décembre 2019, au port de Radès par le canal duquel transite 80% de nos échanges extérieurs, du système de gestion de terminaux portuaires TOS (Terminal Operating System).

Le port de Radès, est-ce enfin le bout du tunnel

Réalisé pour un coût global de 76 millions de dinars tunisiens (MDT) à la faveur d’un cofinancement de la Banque mondiale, ce système va favoriser la traçabilité des conteneurs et permettre aux clients de connaître l’heure de leur arrivée, outre la possibilité de paiement à distance.

À la faveur d’échanges d’informations précises, le transporteur et les chauffeurs de grues vont travailler en même temps et avec une parfaite coordination. L’avantage de ce système réside dans le fait qu’il permet un gain de temps énorme, soit un quart d’heure pour sortir un conteneur contre une journée auparavant.

En dépit des difficultés rencontrées en raison de son mauvais timing (fin d’année), ce système ne manquera de donner ses fruits à partir de cette année 2020.

Abstraction faite de la mise en place récente de cette plateforme, le volume des échanges commerciaux au port de Radès a crû de 5%, en 2019, pour s’établir à 6,474MDT, contre 6,163MDT en 2018.

Cette légère performance est imputable, entre autres, à la mise en service des nouvelles grues RTG ce qui a contribué à réduire les délais d’attente des bateaux (deux jours contre 5 auparavant) et du nombre de conteneurs sur les quais (15 enlevés par heure contre une moyenne de 7 auparavant). Pour saisir le retard qu’accusent nos ports commerciaux, avec le même système, les Européens font 25 à 30 conteneurs à l’heure.

N’oublions pas que le surcoût généré par la mauvaise gouvernance du Port de Radès est estimée, selon la Banque Mondiale, par un manque à gagner pour l’Etat tunisien, à environ 1,2 milliard de dinars en 2019, provenant des pertes au niveau de l’économie d’échelle, de la taxe de congestion et des surestaries des conteneurs.

Les ports de l’intérieur efficaces en dépit des moyens limités

Dans une récente déclaration aux médias, Salem Nabgha, président de la Fédération patronale du transport (Utica) a reconnu que les ports commerciaux de l’intérieur (Sfax, Bizerte, Sousse …) ont beaucoup contribué à l’allègement du trafic, pour le transport des conteneurs, et ce, malgré le peu de moyens qu’ils ont, mais ils ont été efficaces.

Selon les statistiques disponibles, les ports de Bizerte et de Gabès se sont particulièrement distingués.

Selon Lotfi Sassi, directeur du Port de Bizerte-Menzel Bourguiba, cité par l’agence Tap, «le volume global des échanges de marchandises, à travers le Port de commerce Bizerte-Menzel Bourguiba, a cru de 7% en 2018 par rapport à 2017. Les exportations ont atteint 821.000 tonnes, en augmentation de 26% et les importations 386.000 tonnes (+4%)».

À l’origine de l’accroissement des échanges au port de Bizerte, Lotfi Sassi a évoqué l’augmentation du nombre de conteneurs qui a totalisé 47.795 à l’import-export, contre 46.464 en 2017, et la performance du quai destiné à la sidérurgie qui a rouvert après 6 ans après l’autorisation accordée, en 2019, à la société El Fouledh en vue d’exporter la ferraille.

À signaler, également, les activités de la Société tunisienne des industries de raffinage (Stir), lesquelles ont connu une évolution de 14% réalisée grâce à la croissance des importations de 15% et des exportations de 8%.

Le port commercial de Gabès a performé à son tour à travers l’augmentation de ses exportations de 4%, passant à 1,3 million de tonnes contre 1,2 million de tonnes en 2018, et ce, sur un volume total d’échanges de 2,9 millions de tonnes.

Selon des statistiques fournies par la direction de ce port, parmi les produits exportés, figurent le phosphate avec 500.000 tonnes contre 340.000 tonnes en 2018, le gypse (75.000 tonnes contre 23.000 tonnes en 2018) et le ciment blanc (155.000 tonnes contre 75.000 tonnes en 2018).

Les perspectives s’annoncent bonnes pour ce port avec le projet d’optimisation de son potentiel (80 hectares et 8 quais de 2 km chacun) à travers, notamment, l’ouverture incessante d’une ligne pour le transport de conteneurs.

Deux propositions pratiques pour améliorer la situation

En dépit de ces légères améliorations, la problématique de la logistique portuaire demeure totale en raison de l’absence d’une vision cohérente pour le développement de cette activité déterminante pour les échanges extérieurs de la Tunisie. Même le fameux port en eau profonde programmé depuis 1997 à Enfidha est toujours en stand by.

Pour remédier à la situation, deux propositions pratiques ont été formulées par Hakim Ben Hammouda, économiste et ancien ministre des Finances, et Salem Nabgha, président de la Fédération patronale du transport. Le premier a suggéré une stratégie en trois points : la restructuration sur un pied d’égalité des six ports commerciaux du pays, la décentralisation d’une grande partie des activités de Radès et l’option pour la spécialisation de chaque port. Quant au second, il a recommandé une étude d’impact du futur port en eau profonde sur la pérennité des six ports commerciaux existants. L’ultime but étant de faire l’économie de désagréables surprises avec une éventuelle émergence de problèmes sociaux en raison de la baisse d’activité de ces ports et son corollaire la mise en chômage de milliers de personnes.

Et pour être complet sur le sujet, la Tunisie compte 8 grands ports spécialisés : Bizerte (hydrocarbures, raffinerie de la Stir, vrac et quelques postes spécialisés), La Goulette (roulier, navires de croisière), Radès (porte-conteneurs), Sousse (marchandises diverses), Sfax (vrac et divers), Skhira (port pétro-chimique), Gabès (principalement des chimiquiers), Zarzis (marchandises diverses, faible trafic).

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