Mettre un maximum de pression sur Kaïs Saïed, qui est appelé à désigner un nouveau chef de gouvernement, afin que son choix s’arrête sur un candidat faisant l’unanimité pour les partis majoritaires au parlement, à savoir Ennahdha et Qalb Tounes… Telle est la stratégie adoptée par Oussama Khlifi, à quelques heures de l’annonce de la décision présidentielle.
Par Cherif Ben Younès
En effet, le dirigeant et député de Qalb Tounes a estimé hier, dimanche, 19 janvier 2020, via un post facebook, que «le renversement de la légitimité électorale serait un crime, une erreur grave et une violation de la constitution», faisant allusion à la désignation imminente du président de la république d’un nouveau chef de gouvernement, prévue pour aujourd’hui.
Rappelons que Qalb Tounes avait proposé Lamia Fourati, Ridha Ben Mosbah, Hakim Ben Hammouda et Fadhel Abdelkefi pour occuper le poste de chef du gouvernement, et qu’Ennahdha avait suggéré Boutheïna Ben Yaghlane, Taoufik Rajhi, Anouar Maârouf et… Fadhel Abdelkefi également.
Le dénominateur commun entre les deux partis est donc Fadhel Abdelkefi. Et c’est clairement ce dernier qu’Oussama Khlifi veut retrouver, prochainement, à la Kasbah, d’autant qu’il est très ami avec Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, qu’il s’en vante publiquement, et qu’il a été l’un des principaux architectes du programme économique du parti. Il est aussi très proche du mouvement islamiste Ennahdha et de son président Rached Ghannouchi.
Khlifi essaye donc de pousser, implicitement, Saïed à choisir l’ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale (août 2016 – septembre 2017) sur lequel Ennahdha et Qalb Tounes – qui sont visiblement les seuls représentants de «la légitimité électorale» à ses yeux – se sont accordés.
Pourtant, suite à l’échec du gouvernement du parti ayant gagné les législatives, Ennahdha, d’obtenir la confiance du parlement, le principe de charger le président de la république de cette mission, étant élu par le peuple, est en parfaite harmonie avec la constitution et reflète bel et bien la légitimité électorale dont parle M. Khlifi, M. Saïed ayant été élu par plus de 72% des suffrages, soit plus que tous les partis réunis aux législatives.
Et même si Kaïs Saïed doit préalablement consulter les différentes forces parlementaires (chose qu’il a respectée), il n’est nullement obligé, selon la constitution, de choisir le candidat des partis les mieux classés dans les résultats des législatives, ni même de choisir un nom parmi ceux qui lui ont été proposés par les différents partis ayant participé aux concertations.
Sinon, il aurait été plus simple, si on suit la logique du jeune politicien, de confier carrément aux partis la tâche de désigner un nouveau chef de gouvernement, puisqu’il ne voit, vraisemblablement, aucun intérêt à ce que le président ait un rôle actif dans ce processus.
Or, cela aurait été totalement insensé puisque les partis n’ont justement pas réussi à accomplir cette mission avant qu’elle ne soit transférée au président.
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