L’Espérance sportive de Tunis (EST), impressionnante de solidité physique, de maîtrise technique et e rigueur tactique, a poursuivi sa marche victorieuse en championnat avec un succès (2-1) dans le derby de la capitale, face au Club africain (CA), dimanche 19 janvier 2020.
Par Hassen Mzoughi
Cette nouvelle victoire du club de Bab Rouika lui permet de s’installer seule en tête du championnat, avec 8 points d’avance sur son adversaire du jour et 3 sur l’Union sportive monastirienne (USMo), second au classement.
Au bout d’un duel où ils ont mis de l’intensité, au milieu du terrain et en attaque, les hommes de Mouine Chaabani se sont fait respecter, avec autorité, comme il y a 4 jours face à l’Etoile sportive du Sahel (ESS), ou encore le 11 janvier, en Ligue des champions, devant Vita Club à Kinshasa. Un microcycle de trois matches en l’espace de 9 jours avec le même solide rendement physique, la même maîtrise et l’efficacité indispensable, il fallait le faire. Et les «Sang et or» ont eu assez de ressources physiques et mentales pour s’acquitter de la tâche avec panache.
L’EST se place ainsi un cran au-dessus, grâce justement au rythme des matches qui lui impose beaucoup de concentration et à la qualité de la récupération des joueurs. Combiné à leur bagage technique et tactique, l’atout physique (réactivité et résistance) les rend davantage présents mentalement et donc compétitifs.
Crainte, angoisse et délivrance
La faute commise par l’arrière gauche Adem Taous sur Bilal Bensaha, qui a amené le penalty transformé par Taha Yassine Khenissi (28’), est significative de l’intensité et la vitesse dans le jeu «sang et or». Pressing haut au niveau des 35 mètres adverses par Abderraouf Benguit sur Ghazi Ayadi, récupération et passe instantanée dans l’espace pour l’ailier droit Bensaha, parti comme une flèche. Mal couvert par son axial gauche et arrivé en retard sur l’action, Taous commit l’irréparable. Penalty en faveur de l’EST et expulsion du défenseur «rouge et blanc» pour un 2e carton jaune. Le CA, qui avait bien débuté le match, est déjà sanctionné.
Ce derby était celui de la crainte pour l’EST. Il s’est transformé en angoisse pour le CA. On s’interrogeait sur la «fraîcheur» de l’EST, après deux matches intenses contre Vita sur le synthétique (et voyage) puis l’ESS en l’espace de 5 jours. Arrivé 4 jours après, le choc face à l’équipe en forme du championnat pouvait logiquement faire naître, à ce niveau, des appréhensions dans le camp «sang et or».
Lassaad Dridi, le coach du CA, a sans doute tenu compte de cette donne, mais l’expulsion de son défenseur ainsi que la supériorité technique (individuelle et collective) de son adversaire l’ont plongé, ainsi que son équipe, dans l’angoisse, évitant une lourde défaite, avec le manque de réussite de Hamdou Elhouni (36’, 45’), Fousseny Coulibaly ( 38’) et Taha Yassine Khenissi (50’) , l’omission de l’arbitre camerounais Aliou Neant (1 penalty flagrant refusé à l’EST à la 78e ) et les parades de Atef Dkhili (70’, 73’, 90’). Le portier clubiste a tout de même encaissé deux buts dans un seul match. L’équivalent des buts concédés par le CA aux… 12 matchs précédents.
L’EST a une identité…
L’égalisation de Fakhreddine Jaziri à la 42e minute sur un corner de Wissem Ben Yahia, n’a rien changé à la physionomie du débat. En seconde période, comme en première, la grosse pression, la possession et le sens de la récupération de l’EST ainsi que l’ascendant de son trio Coulibaly-Benguit-Elhouni, finissent par porter leurs fruits, avec le but victorieux du pivot ivoirien à 10 minutes de la fin.
Coulibaly, c’est la grande forme et un rôle d’une haute importance devant sa défense. Il a encore brillé, dimanche, par sa présence athlétique et son sens du placement et de l’anticipation. En plus du «revenant» Iheb Mbarki, qui s’impose sur le flanc droit de l’arrière-garde «sang et or» (Sameh Derbali désormais second), du précieux Ilyes Chetti sur le côté opposé et de la paire centrale Mohamed Ali Yaacoubi-Abdelkader Bedrane, de plus en plus en confiance, l’EST peut compter sur un milieu de terrain où règne Abderraouf Benguit, le seul régisseur digne du nom en championnat de Tunisie. Avec les ailiers Elhouni et Bensaha – en attendant les nouvelles recrues offensives Mohamed Ali Ben Hammouda et Abderrahmane Meziane –, l’EST dispose d’un capital technique de haute facture. Elle a largement remanié son effectif par rapport à la saison dernière, sans altérer son identité technique.
Où est passé Yassine Chammakhi ?
Le CA a encore été pénalisé. Face à l’ESS, il a joué à 10 pendant presque toute la seconde mi-temps, après l’expulsion de Zouhaier Dhaouadi. L’ailier clubiste aurait pu être utile lors du derby. Taous a encore rendu un mauvais service à son équipe qui l’a payé cash.
Mais Yassine Chammakhi demeure le gros point d’interrogation. Transparent contre l’ESS, l’attaquant «vedette» du CA est encore aux abonnés absents contre l’EST. Le joueur est tellement soucieux de la prolongation de son contrat qu’il «se fait oublier». Bref, le CA semblait jouer plutôt à 9 ! Très difficile de rivaliser avec un vis-à-vis en pleine possession de ses moyens et avec encore une marge de progression.
Ce succès a été long à se dessiner pour le club de Bab Souika, mais la logique a finalement été respectée.
Place maintenant à un nouveau microcycle : le Raja Casablanca, le 25 janvier à Rades, le Club sportif de Chebba (CSC), le 28 janvier, et la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), le 1er février. Encore 3 matches en 8 jours que l’EST voudra réussir pour se lancer vers ses deux objectifs de la saison, le 4e titre national consécutif et la 3e Ligue des champions de suite !
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