Les conflits politiques qui alimentent aujourd’hui l’actualité tunisienne n’ont absolument rien à voir avec les problèmes sociaux et économiques qui intéressent les citoyens. Si cela se poursuit, il ne faudrait pas s’étonner des réactions violentes de ces derniers. C’est la conclusion de Mohsen Marzouk après avoir décortiqué ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie sur le plan politique…
Le président de Machrou Tounes a longuement critiqué aujourd’hui, 4 février 2020, lors de son passage à l’émission «Midi show», sur Mosaïque FM, la méthodologie adoptée par le chef du gouvernement désigné, Elyès Fakhfakh, pour former son gouvernement, estimant qu’il est en train de faire les mêmes erreurs que son prédécesseur, Habib Jemli.
Selon Marzouk, l’ancien dirigeant d’Ettakatol s’est mis dans un engrenage en décidant, avant même que les concertations autour du prochain gouvernement ne commencent, d’écarter Qalb Tounes, estimant que le fait de se baser sur «les valeurs du second tour de la présidentielle», comme il l’a dit, était une aberration… Surtout que «Kaïs Saïed avait lui-même dit, lors de sa campagne présidentielle, qu’il n’avait ni valeurs ni programme à présenter».
Selon l’ancien secrétaire général de Nidaa Tounes (mai – décembre 2015), il y a seulement 3 façons de gouverner et il fallait donc que Fakhfakh opte pour l’une d’entre elles…
Ou bien à travers un gouvernement «d’union nationale», qui est une option à laquelle il ne croit pas, car «le gouvernement ne peut pas être l’Arche de Noé»; ou bien via une composition gouvernementale qui rassemble les partis majoritaires au parlement autour d’un programme, et s’il a choisi cette solution, Fakhfakh devrait, selon Marzouk, collaborer avec Ennahdha et Qalb Tounes, puisque ces deux partis qui ont eu les meilleurs résultats aux législatives ont fini par s’allier; ou bien via un gouvernement de technocrates.
Mohsen Marzouk a, par conséquent, appelé l’ancien ministre des Finances et du Tourisme à faire preuve de courage et à se ressaisir pour pouvoir mener à bien sa mission, car autrement, il irait, selon lui, avec sa stratégie actuelle, tout droit vers une impasse.
Revenant sur la décision de son parti de se retirer des concertations avec Fakhfakh, M. Marzouk a notamment regretté le fait que les rencontres aient été menées en divisant les partis qui se disent révolutionnaires des autres, «comme s’il y avait des partis de division 1 et d’autres de division 2», a-t-il ironiquement commenté… D’autant plus que le sens de la révolution de ceux de la première catégorie est plus que contestable, notamment en ce qui concerne Ennahdha et Al Karama, «[la coalition] qui rassemble les Ligues [ô combien controversées] de protection de la révolution».
Le président de Machrou Tounes a, par ailleurs, estimé qu’actuellement, il y a plusieurs conflits dont le principal est celui qui oppose Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et du mouvement Ennahdha, et Kaïs Saïed, président de la république, et dont l’objet est… le pouvoir.
Mohsen Marzouk a, sur un autre plan, critiqué l’incohérence et la versatilité de plusieurs partis tunisiens, à l’instar d’Ennahdha qui est passé, en quelques semaines, du «tout sauf Qalb Tounes» au «Qalb Tounes ou rien», ou encore d’Attayar qui, «après avoir passé 3 ans à crier, sur tous les toits, que Tahya Tounes était la source de la corruption, il considère aujourd’hui ce parti comme étant révolutionnaire».
C. B. Y.
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