Lotfi Zitoun, dirigeant atypique du mouvement islamiste Ennahdha, se verra attribuer, pour la deuxième fois de sa vie, un poste ministériel si le gouvernement Fakhfakh réussit à obtenir la confiance du parlement, après avoir été, entre 2011 et 2013, ministre conseiller chargé des Affaires politiques auprès de Hamadi Jebali, chef du gouvernement provisoire de l’époque.
Un passage qui marque la carrière politique de cet homme, surtout au vu de sa démission surprenante en pleine crise gouvernementale, en 2013, reprochant notamment à Hamadi Jebali de ne pas avoir tenu compte de ses conseils et propositions, et estimant qu’il portait gravement atteinte au parti islamiste.
Un épisode révélateur qui avait prouvé à ceux qui s’en doutaient et qui le considéraient comme simplement «le protégé de Ghannouchi», que Lotfi Zitoun avait du caractère.
Depuis, le chercheur spécialisé en science politique et histoire a d’ailleurs continué à montrer que, contrairement à beaucoup de dirigeants nahdhaouis, il n’était pas «facilement contrôlable»… enchaînant les déclarations anticonformistes, et prenant des positions parfois diamétralement opposées à celles de son mouvement, et à celles qui étaient les siennes peu de temps auparavant.
A titre d’exemple, en février 2019, il a appelé Ennahdha à devenir un parti civil à part entière et à cesser d’utiliser la religion à des fins politiques.
Il a également, à maintes reprises, exprimé son attachement aux libertés individuelles y compris sexuelles, en défendant notamment le droit des non-jeûneurs de manger publiquement pendant le mois de ramadan ou encore la dépénalisation de l’homosexualité et la légalisation du cannabis.
Mais ce soudain libéralisme, qui tranche avec son conservatisme islamiste d’avant, suscite des doutes quant à la sincérité de l’homme et à la solidité de ses nouvelles convictions, car, malgré ses divergences apparentes avec Rached Ghannouchi et ses frères musulmans, il ne s’est vraiment jamais éloigné d’Ennahdha. La preuve : c’est le parti islamiste qui a proposé sa candidature pour le ministère de la Santé.
C. B. Y.
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