D’après les projections de la FMI, le gain de croissance découlant de l’intégration commerciale des pays du Maghreb arabe sur la période 2018-2023 serait de 1,6% en Algérie, 3,4% en Tunisie, 3,9% en Libye, 4,1% au Maroc et 5,5% en Mauritanie. Qu’attendent donc les Etats pour relancer le processus d’intégration économique régionale ?
Par Amine Ben Gamra *
La conjoncture économique internationale enregistre un taux de croissance de 3% pour 2019 soit le taux le plus faible depuis la crise financière de 2007-2008 contre un taux prévisionnel de 3,4% pour 2020 (3,6% en 2018).
Selon l’FMI, cette baisse est expliquée par l’augmentation des obstacles au commerce, l’incertitude qui entoure les échanges commerciaux et la situation géopolitique.
Face à cette situation, il est temps de s’interroger sur les interactions futures entre l’intégration économique régionale de la Tunisie et sur la manière d’exploiter la complémentarité des pays maghrébins dans le domaine économique.
Il va de soi que chaque pays peut prendre lui-même des mesures importantes mais il est évident, voire même essentiel, d’adopter une nouvelle approche axée sur une intégration régionale, bien réfléchie et plus poussée pour accroître rapidement la prospérité dans l’ensemble de la région et sortir de la situation difficile dans laquelle se sont trouvés les pays du Maghreb.
Les économies du Maghreb en ordre dispersé
Aujourd’hui, le véritable défi auquel est confrontée la région du Grand Maghreb, riche en pétrole, en gaz, en produits agricoles et en tourisme, est de s’intégrer pleinement et rapidement dans les flux commerciaux internationaux.
Le 17 février 1989, à Marrakech, était fondée l’Union du Maghreb arabe (UMA), rassemblant le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. L’initiative était ambitieuse, qui dessinait une vision politique et un espace économique communs. Mais, minée par les différends politiques, l’UMA s’est révélée incapable de s’affirmer comme ensemble régional. Ainsi, 31 ans ont passé et les économies du Maghreb continuent d’avancer en ordre dispersé. Aujourd’hui, le volume des échanges intra-régionaux entre les pays du Maghreb est l’un des plus faibles au monde (représentent moins de 5% du total des échanges des pays qui la composent, soit un pourcentage nettement inférieur à celui observé dans tous les autres blocs commerciaux régionaux du monde).
Alors qu’une pleine intégration économique de notre région permettrait une hausse importante du PIB et du taux de croissance de chacun des pays de Grand Maghreb. D’après les projections de la FMI, le gain de croissance découlant de l’intégration commerciale sur la période 2018-2023 est de 1,6% en Algérie, 3,9% en Libye, 3,4% en Tunisie, 4,1% au Maroc et 5,5% en Mauritanie.
Gains de croissance découlant de l’intégration commerciale (en %)
Un marché régional de près de 100 millions de personnes
L’intégration créerait un marché régional de près de 100 millions de personnes disposant chacune d’un revenu moyen d’environ 4.000 dollars en termes nominaux et d’environ 12.000 dollars en parité de pouvoir d’achat. Cela rendrait la région plus attrayante pour l’investissement direct étranger, réduirait les coûts des échanges intra-régionaux et des mouvements de capitaux et de main-d’œuvre, et améliorerait l’efficience de la répartition des ressources.
Une telle intégration ne peut se faire que par un processus de mise en commun des enjeux entre les différents pays, plus particulièrement l’Algérie et le Maroc, qui suggérerait des participations croisées en fonds propres dans les secteurs de l’énergie et de la banque, mais aussi dans les transports et l’agroalimentaire.
Aussi, il y a lieu de levée les obstacles aux échanges intra-régionaux, la construction d’infrastructures régionales et l’amélioration du climat des affaires stimuleraient les échanges au sein du Maghreb et d’optimiser les exportations de la zone vers l’Europe, plutôt que de se concurrencer avec les mêmes produits exportés, chacun aurait intérêt à se spécialiser.
* Expert comptable.
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