L’examen récent à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) d’une garantie de l’Etat octroyée à la Société tunisienne des industries du raffinage (Stir) pour l’aider à importer du pétrole brut pour un montant de 136 millions de dollars a mis à nu les difficultés dans lesquelles se débat cette entreprise publique.
Ce montant est fourni selon la technique de la finance islamique («mourabaha») par la Société internationale islamique du financement du commerce (SIIFC)
Les dettes de la Stir s’élèvent à 1,6 milliard de dinars tunisiens, dont 1,323 milliard de dettes bancaires, qui l’ont menée à une situation de cessation de paiement de ses agents.
En fait, ce qui fait souffrir cette entreprise publique ce sont les «dettes croisées» des entreprises publiques opérant entre autres dans le transport. Pour fonctionner, les sociétés de transport, nationales et régionales (Transtu, SNCFT, Tunisair, CTN…), achètent à crédit le carburant chez la Société nationale de distribution des pétroles (SNDP), laquelle achète à son tour le carburant à crédit chez la Stir. Cette dernière étant subventionnée par l’Etat, lequel n’honore pas toujours ses engagements.
Ainsi, l’Etat doit à la société une subvention de 430 MDT au titre de 2017, 1.160 MDT en 2018 et 800 MDT en 2019. Pour 2020, la loi de finances 2020 a prévu un montant de 880 MDT au titre de la compensation de carburants, soit une baisse de 26% en prévision de l’entrée en fonction du gisement Nawara, à compter du mois de novembre 2019. Or, jusqu’à ce jour, ce gisement ne serait pas entré en production commerciale, d’où le recours à l’importation pour subvenir aux besoins du pays. On compte également sur la réalisation d’économies du coût de production au niveau de la Steg et de la Stir (500 MDT).
Il s’agit pour Walid Ben Salah, expert comptable, d’une prévision latitudinaire et difficile à réaliser. Et pour cause. La Stir est en arrêt de production depuis février 2019.
Dans une récente interview accordée à des médias tunisiens, dont la chaîne privée, El Hiwar Ettounsi, Tony Verheijen, représentant-résident de la Banque mondiale (BM), a attiré l’attention sur l’ampleur des pertes générées par l’effet du non recouvrement «des dettes croisées entre ces entreprises publiques qui sont, en plus, cachées dans le budget actuel et qui sont très dangereuses». «Nous avons vu cela dans beaucoup d’autres pays», a-t-il averti.
Khémaies Krimi
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