Officiellement, le taux de croissance prévu par le gouvernement tunisien dans la loi de finances 2020 sera de l’ordre de 2,7% du PIB. Les observateurs de l’économie tunisienne, dont les bailleurs de fonds, et principalement le Fonds monétaire International (FMI), la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD), l’estiment, cependant, respectivement, à 2,4%, 2,2% et 2,1%.
La question qui se pose dès lors est de savoir sur quels paramètres et quels critères chaque partie a calculé ce taux, sachant que l’ensemble des parties ont utilisé des chiffres officiels tunisiens, notamment ceux du très sérieux Institut national de la statistique (INS).
Globalement, la différence entre ces taux réside dans le degré de fiabilité des statistiques, chiffres et données utilisées. Ainsi, si les taux des bailleurs de fonds sont inférieurs à celui du gouvernement tunisien, c’est tout simplement parce que les référents utilisés par les premiers sont plus stricts, plus précis et plus rigoureux. Ils sont aussi moins «politiques» que ceux utilisés par le second.
En effet, les estimations tunisiennes sont obtenues à partir de données imprécises ou exprimant moins une réalité qu’un wishful thinking. Pour preuve, le taux de croissance prévu, soit 2,7%, est calculé de manière trop optimiste, misant sur l’entrée en fonction du gisement gazier Nawara au mois de novembre 2019. Or jusqu’à ce jour, soit quatre mois après, ce gisement n’a pas encore atteint son rythme de croisière, ce qui est énorme pour un pays dont le déficit énergétique est très élevé. Même si, bonne nouvelle tout de même, le cours du pétrole a baissé, suite au ralentissement économique en Chine induit par la crise du coronavirus
Le taux prévu par les autorités tunisiennes est calculé sur des projections de croissance optimistes dans le secteur agricole (+5,2%) alors que les indices d’une sécheresse aiguë pointent à l’horizon. Idem également pour la croissance des industries non-manufacturières (+7%) ce qui devrait porter, entre autres, la production de phosphate à 5,5 millions de tonnes et son corollaire heureux en principe, la fin du déficit du Groupe chimique tunisien (GCT) et de la Compagnie de phosphate de Gafsa (CPG). Là aussi, c’est un scénario fort optimiste tant qu’on n’aura pas pacifié socialement le bassin minier et rassuré ses communautés quant à la possibilité d’une vie décente.
Khémaies Krimi
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