Comme mesure de précaution contre le coronavirus, la Tunisie vient de prendre, à travers son mufti, la décision de reporter la conversion à l’islam. Autrement dit, à moins que l’on soit déjà musulman, on n’a désormais plus le droit de réserver une place au paradis… en attendant que les mécréants trouvent une solution au virus.
Dans un communiqué paru aujourd’hui, lundi 9 mars 2020, Diwan Al Ifta («Cabinet du mufti») a annoncé que «dans le cadre des mesures de précaution contre le coronavirus, il a été décidé de suspendre les procédures de conversion à l’islam, jusqu’à nouvel ordre».
Ainsi, après la suspension de la ômra par l’Arabie Saoudite, quelques jours plus tôt, on peut considérer que la religion islamique est l’une des principales victimes de l’épidémie…
Âgé de 79 ans, l’actuel mufti de la république, Othman Battikh, n’a, en tout cas, visiblement pas envie de prendre le moindre risque sanitaire, alors que la Tunisie a annoncé, 24 heures plus tôt, le 2e cas confirmé de coronavirus (ou Covid-19). Et tant pis si cela portera préjudice à la religion d’Allah…
Son annonce, plutôt insolite, a, par ailleurs, entraîné une vague de moqueries dans les réseaux sociaux…
D’abord parce que ça ne se bouscule pas au portillon pour embrasser l’islam en Tunisie, et encore moins pour embrasser son mufti, et que, par conséquent, le risque d’attraper le virus, à travers le rituel de conversion, est infime. D’autant plus que lors de la procédure officielle à cet effet, plusieurs mètres séparent le mufti des candidats à la conversion.
Et surtout parce que cela sous-entend que se protéger du virus est plus important aux yeux du mufti tunisien – du haut de sa symbolique spirituelle – que de permettre à des personnes éventuellement atteintes, et donc, faisant face au risque de mourir, de quitter ce monde en étant musulmans.
Or, comme on le sait, il s’agit de LA condition pour jouir du paradis dans l’au-delà, selon la confession islamique.
Bref, voilà le type d’analyses rationnelles gênantes auxquelles peut faire face un Etat qui gère la spiritualité de ses citoyens, en fait une affaire officielle et en adopte, par la même occasion, tous les dogmes.
Cherif Ben Younès
Donnez votre avis