Une pluviométrie exceptionnellement généreuse en 2019 a donné une récolte abondante d’olive, une production record d’huile d’olive et –faute d’écoulement suffisant sur les marchés internationaux et par manque de moyens de stockage des quantités invendues– le prix de l’huile d’olive a chuté dramatiquement, provoquant ainsi une des crises les plus aiguës de ce secteur.
Par Marwan Chahla
Dans un long reportage pour le ‘Washington Post’ (‘WP’) sur les difficultés que traverse le secteur de l’huile d’olive tunisien, Claire Parker raconte le désarroi des producteurs tunisiens d’huile d’olive, qui n’arrivent pas à comprendre que leurs oliveraies puissent produire le double des récoltes de l’année précédente et que, dans le même temps, leurs revenus chutent de moitié.
La journaliste du ‘WP’ donne la parole à ce petit agriculteur de la région kairouanaise qui ne peut même plus payer ses factures d’électricité. «J’en ai marre, s’exclame-t-il, de me tuer à la tâche. D’ailleurs, je vais mettre ma plantation en vente. Comme ça, le problème sera résolu une bonne fois pour toutes…»
L’huile d’olive tunisienne est très peu connue à l’étranger
Claire Parker relève que, pour une très large part, la culture de l’olivier en Tunisie est écologique, c’est-à-dire qu’elle est très peu contaminée par les produits chimiques. Conclusion de la journaliste: la Tunisie, le plus gros producteur au monde d’huile d’olive biologique, n’arrête de récolter des médailles d’or dans des compétitions internationales –à Londres comme à Los Angeles, par exemple – pour la qualité ‘bio’ de son huile d’olive.
Mais, le problème, selon la journaliste du ‘WP’, c’est que la Tunisie a du mal à écouler son huile d’olive : «L’huile d’olive tunisienne est très peu connue du consommateur étranger», constate Claire Parker, expliquant que le plus gros du volume d’huile d’olive que la Tunisie exporte, notamment vers l’Espagne et l’Italie, est vendu en vrac, c’est-à-dire qu’elle est mélangée aux huiles locales en Europe et vendue sous des labels italiens ou espagnols…
Claire Parker explique aussi que la crise actuelle de l’huile d’olive a éclaté tout d’abord en Espagne, là où le surplus de production de l’année dernière avait saturé le marché mondial –c’est-à-dire avant même que n’arrive la récolte abondante de cette année… Les prix mondiaux de l’huile d’olive se sont effondrés et les agriculteurs espagnols, lésés par ces pertes, ont protesté aux quatre coins du pays. Idem pour l’Italie et la Grèce…
Sauver ce qui peut être sauvé
En Tunisie, face à la grogne des producteurs d’huile d’olive, les autorités ont accepté d’acheter une partie des quantités invendues et de contribuer aux frais de transport des exportateurs. Elles ont également approuvé un plan d’urgence pour le stockage de 100.000 tonnes d’huile d’olive…
Bref, toute une batterie de mesures ont été prises par le gouvernement tunisien, pour sauver ce qui peut être sauvé dans un secteur qui continuera de souffrir tant l’essentiel de son activité dépendra toujours du même consommateur européen…
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