Alors qu’un tiers de la population mondiale observe un confinement sanitaire général pour lutter contre la propagation du Covid-19, l’un des risques familiaux majeurs auxquels sont exposées les personnes physiquement vulnérables au sein de la famille, à savoir les femmes et les enfants, est la violence. En effet, les gens ont du mal à se supporter lorsqu’ils passent beaucoup de temps ensemble. Et cela se traduit souvent par la violence verbale et physique.
A cet égard, la Tunisie ne fait pas l’exception. Et cette crainte est en train de se matérialiser depuis la mise en place, par le gouvernement, du confinement général et du couvre-feu à partir de 18h.
Durant la période entre le 23 et le 27 mars 2020, le nombre d’alertes reçues sur le numéro vert du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, 1899, s’est, en effet, multiplié par 3 ! Au cours de ces 5 jours, pas moins de 133 appels de femmes en détresse ont été reçus, d’après la ministre à la tête dudit département gouvernemental, Asma Shiri Laabidi.
Intervenue ce matin du dimanche 29 mars 2020, sur les ondes de Mosaïque FM, Mme Shiri a indiqué que 35 appels parmi eux avaient pour objet la violence conjugale, alors que durant la même période de l’année dernière (23 – 27 mars 2019), il n’y en avait eu que 7. Soit 5 fois moins.
Bien que l’on ne dispose pas de statistiques concernant les femmes agressées qui tolèrent la violence qu’elles subissent et qui n’alertent ni le ministère ni la police, leur nombre est certainement beaucoup plus élevé – du fait de plusieurs considérations culturelles – tout comme la hausse qu’il a connu durant ce confinement.
Les femmes victimes de violence bénéficient, en temps normal, d’encadrement psychologique et d’assistance juridique, mais dans les circonstances actuelles, «elles ne peuvent pas être admises dans les centres d’accueil traditionnels», regrette la ministre.
Elles doivent, en effet, être d’abord soumises à un test de dépistage du Covid-19. Or, celui-ci est cher et n’est accordé, pour le moment, qu’aux cas suspects.
Mme Shiri a, néanmoins, assuré qu’un nouveau centre sera consacré à la mise en auto-quarantaine sanitaire de 14 jours des femmes victimes de violence. L’idée est de leur permettre d’intégrer les centres traditionnels, sans risquer de les contaminer, une fois que leur isolement achevé.
Notons, par ailleurs, qu’un numéro vert est désormais disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
La ministre n’a pas évoqué, aujourd’hui, le cas des enfants victimes de maltraitance. Mais ce dossier doit également être pris au sérieux, car il s’agit d’un groupe encore plus vulnérable que celui des femmes. D’autant plus que les enfants ne sont, généralement, pas menacés par une seule personne dans la famille, mais souvent par les deux parents et parfois par leurs frères et sœurs aînés.
Cherif Ben Younès
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