L’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) a déposé, hier, jeudi 16 avril 2020, un dossier judiciaire devant le procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis, concernant la confection et l’acquisition de 32 millions de masques de protection réutilisables (dont 2 millions au profit des ministères de l’Industrie, de la Santé et du Commerce).
En effet, «de sérieux soupçons de corruption planent autour de ce dossier», selon un communiqué de l’Instance, rendu public aujourd’hui sur le site officiel de Radio Nazaha. De hauts responsables de l’Etat et des hommes d’affaires influents, dont un député, seraient impliqués dans cette présumée affaire de corruption.
Pour rappel, l’Inclucc a déjà assuré cette semaine qu’elle détenait «de sérieux justificatifs concernant le monopole du tissu destiné à la confection des masques de protection».
D’après l’instance, un fonctionnaire de l’État a fuité le cahier des charges lié à la production des bavettes réutilisables, et certains industriels ont, par conséquent, tenté de monopoliser le tissu spécial dédié à la confection de ces masques.
Des accusations qui ont été démenties par le ministre de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises, Salah Ben Youssef, ainsi que par le président de la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement (FTTH), Hosni Boufaden.
De son côté, le conseiller juridique de l’Inlucc, Faouzi Chemingui, a souligné, aujourd’hui, à la radio Shems Fm, que son instance a reçu 11 plaintes évoquant des soupçons de corruption en rapport avec cette affaire.
Sur un autre plan, les autorités reliées au ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption, Mohamed Abbou, ont annoncé, aujourd’hui, qu’une équipe affiliée au Comité général de contrôle des dépenses publiques a été chargée, depuis hier, de contrôler la production des masques en question et qu’elle a déjà entamé sa mission.
Rappelons, par ailleurs, que la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a indiqué, ce vendredi, qu’une entreprise détenue par un député à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a bénéficié d’un contrat avec l’Etat pour produire 2 millions de bavettes réutilisables, violant ainsi le règlement intérieur du parlement qui interdit aux élus de conclure des deals commerciaux avec l’Etat.
C. B. Y.
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