Le nouveau coronavirus, Covid-19, et la grippe saisonnière sont deux maladies différentes, et naturellement, le vaccin de l’une ne protège pas contre l’autre. Chokri Hammouda, directeur de l’Instance nationale d’évaluation et d’accréditation en santé, a pourtant appelé à la nécessité de se faire vacciner contre la grippe saisonnière en automne prochain. Explications.
Par Cherif Ben Younès
Invité hier soir, jeudi 30 avril 2020, sur la chaîne nationale, Watania 1, Chokri Hammouda a insisté sur l’importance de ce vaccin qui se fait généralement en septembre et en octobre, dans le cadre de la lutte contre… le coronavirus. Et pour cause.
Fatigue, fièvre, toux, écoulement nasal… les premiers symptômes du coronavirus et de la grippe sont très semblables, mais il n’en va pas de même pour leurs traitements. Ainsi, les personnes vaccinées contre la grippe ne sont pas immunisées face à la Covid-19 comme pourrait le sous-entendre la préconisation de Chokri Hammouda. Toutefois, elles disposent d’un «petit bonus»…
Eviter la double infection pouvant aboutir à une forme grave de Covid-19
En effet, en cas de symptômes chez une personne vaccinée contre la grippe saisonnière, il y a de fortes chances que ce soit la Covid-19. C’est donc une indication précieuse, pour les patients et les médecins, pour détecter plus facilement et plus tôt une éventuelle infection par le coronavirus.
En outre, la vaccination contre la grippe saisonnière préviendrait la co-infection. C’est-à-dire le fait d’avoir les deux maladies en même temps, ce qui pourrait aggraver leurs effets respectifs et favoriser les formes graves du coronavirus.
Par conséquent, le succès de la campagne de vaccination contre la grippe de cette année sera important en vue de contrôler une éventuelle 2e vague de coronavirus en Tunisie, et ce, en ce qui se rapporte à la capacité de traitement des hôpitaux, le possible manque de tests de dépistage de la Covid-19 et la co-infection.
D’autre part, si on en croit M. Hammouda, on a remarqué que la plupart des patients du coronavirus ayant été admis en réanimation en Tunisie n’étaient pas vaccinés contre la grippe saisonnière. Il affirme donc que ce vaccin pourrait diminuer le risque de développer une forme grave de la Covid-19.
Mieux vaut prévenir que guérir
Cet argument est toutefois à prendre avec des pincettes vu le nombre limité de personnes infectées par le coronavirus en Tunisie, et par conséquent de celles admises en réanimation, et vu surtout la proportion réduite dans la population tunisienne qui se fait vacciner contre la grippe saisonnière. L’échantillon tunisien n’est donc probablement pas statistiquement significatif.
D’autant plus qu’aucune étude scientifique, à l’échelle internationale, ne confirme les suppositions de Chokri Hammouda, qui a peut-être aussi volontairement inventé un petit mensonge pour être plus persuasif auprès des Tunisiens. Mieux vaut prévenir que guérir…
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