Les 994 cas de contamination par le coronavirus (Covid-19) enregistrés en Tunisie en 59 jours seraient dépistés en seulement… 49 minutes aux Etats-Unis. Cette statistique a de quoi interpeller les spécialistes et il va falloir, un jour, l’expliquer de manière scientifique.
Par Pr Faouzi Addad *
Un tiers des patients contaminés par le Covid-19 dans le monde se trouvent aux Etats-Unis. Hier, jeudi 30 avril 2020, il y a eu, dans ce pays, 29.004 nouveaux cas, soit une moyenne de 20 nouveaux cas toutes les minutes.
Ce qui signifie que les 994 cas enregistrés en Tunisie depuis le 2 mars, soit en 59 jours, sont dépistés aux Etats-Unis en seulement… 49 minutes. Ce grand pays compte certes 330 millions d’habitants, soit 27 fois la population tunisienne, mais la différence en termes de contamination par le virus est beaucoup plus grande. Pourquoi ?
Sommes-nous devant deux maladies complètement différentes ?
On pourrait spéculer longtemps sur les contrastes des ravages du Covid-19 un peu partout dans le monde, mais on a vraiment l’impression d’être en face de deux maladies complètement différentes. Pourtant, il s’agit de la même souche de virus sévissant aux Etats-Unis et en Tunisie, d’après les chercheurs de l’hôpital Charles-Nicolle, de Tunis.
Manifestement, la vitesse de contagion par le virus en Afrique est beaucoup plus faible qu’en Europe de l’Ouest ou en Amérique du Nord. Notre climat tempéré méditerranéen, notre relative jeunesse, notre vaccination par le BCG, notre patrimoine génétique, notre immunité, notre faible densité de population ou notre moindre pollution peuvent-ils expliquer cette différence si importante.
Nos mesures préventives prises très tôt, un peu plus tôt, en tout cas, qu’aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest, ont-elles aussi joué un rôle dans la limitation du nombre de contaminations en Tunisie ?
Tous ces facteurs et d’autres entrent probablement en jeu. Mais de nombreuses questions restent encore, en l’état de nos connaissances, sans réponses.
En attendant les résultats du dé-confinement progressif
Ceci dit, les prochains jours seront riches en enseignements. Lorsque débutera le confinement ciblé ou le dé-confinement progressif, fixé par le gouvernement au 4 mai, avec la reprise de nombreuses activités sociales et économiques, notamment le transport public, beaucoup de gens seront lâchés dans les rues des villes tunisiennes, et là, la situation pourrait changer, dans un sens ou dans un autre. Soit, nous serons vite rattrapés par ce virus qui démentira nos pronostics optimistes. Soit les épidémiologistes devront nous expliquer le bilan relativement positif de la Tunisie et d’autres pays du sud.
Si la situation reste en l’état et que le taux de contamination n’augmentera pas, malgré le début du dé-confinement, l’attente d’un vaccin serait peut-être même inutile. Mais on n’en est pas encore là…
Restons donc vigilants en observant un confinement intelligent, en ne sortant que lorsque c’est vraiment urgent, nécessaire ou utile, tout en gardant nos distances, en portant des masques de protection et en nous lavant constamment les mains.
Que Dieu protège notre pays !
* Professeur en cardiologie.
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