Dans les trois prochains jours, on devrait s’attendre à ce que le nombre de patients guéris du coronavirus (Covid-19) dépasse nettement celui des ceux dont l’infection est encore active. Cela signera le début du contrôle réel de l’épidémie sur le terrain et aura surtout un impact psychologique positif sur la population et particulièrement sur les professionnels de la santé, qui viennent de passer deux mois difficiles.
Par Pr Faouzi Addad *
Cependant, il faudra user de beaucoup de pédagogie pour que le message ne soit pas celui de la fin de la partie. Il ne faut que l’on commence à baisser la garde, à retirer les masques de protection et à se remettre aux embrassades. Car autant la politique de confinement reste très discutée par de nombreux experts, entre ceux qui comptent le nombre de morts évités et ceux qui pensent qu’elle a un impact somme toute limité, tout le monde est au moins d’accord que la distanciation sociale reste une mesure efficace, l’arme fatale contre le virus.
Le coronavirus est un sprinter et non un marathonie
Certes, les raisons du déclin relativement régulier dans tous les pays de l’épidémie restent largement inconnues. L’une des hypothèses reste la saisonnalité possible du virus. Il semble que la «bête» perd de la vitesse, et j’avais écrit il y a une semaine que le coronavirus est un sprinter et non un marathonien.
Malgré les doutes de certains experts concernant cette hypothèse de la saisonnalité, la température estivale de ces derniers jours semble avoir donné des coups de chaleur au virus.
Y a-t-il eu de seconde vague dans les pays asiatiques comme annoncée par certains médias ? Jusqu’à présent non, juste quelques augmentations de cas mais il n’ y a pas eu de véritable rebond. Deux pays sont souvent cités, le Japon et la Corée du Sud. Il suffit de voir leurs courbes respectives pour se rendre compte qu’ils n’ont pas vraiment connu une seconde vague, comme on l’a redouté.
La partie est loin encore d’être finie
Il faudra donc attendre l’hiver prochain pour mieux comprendre cette pandémie. En attendant, il faut que notre gouvernement prépare de nouveaux spots afin de mieux expliquer les mesures de distanciation sociale dans les espaces publics, comment manipuler les masques de manière sûre et comment aller consulter aux différentes urgences du pays.
En attendant les tests sérologiques qui nous donneront une idée sur le taux d’immunisation de la population tunisienne, restons encore disciplinés sur le terrain. La partie est loin d’être finie et le retour des vols réguliers n’est pas pour demain la veille. Ce sera là, on l’imagine, dans les prochaines semaines, le plus grand casse-tête pour nos décideurs car ils doivent penser à deux exigences contradictoires : relancer l’activité du tourisme et du voyage, vitale pour un pays comme le nôtre, et éviter une vague de réinfection qui viendra encore probablement de l’étranger.
* Professeur en cardiologie.
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