La conscience du député indépendant, Hatem Mliki, a eu un double-éveil assez brusque ces derniers temps, envers son parti, Qalb Tounes, duquel il a démissionné en se rendant compte qu’il «n’avait pas d’identité», et envers le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, à qui il n’hésitait pourtant pas à faire les yeux doux, récemment, pendant le long processus de formation de gouvernement.
Mais aujourd’hui, tout ça c’est du passé. Mliki estime même qu’avec le leader islamiste à la tête de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), on a désormais une «gestapo» au parlement. Le terme renvoie à la police politique créée sous le IIIe Reich, en Allemagne, dans le but de combattre les opposants au régime nazi.
La comparaison est assez audacieuse et mérite explication… Hatem Mliki entend, par là, que c’est Rached Ghannouchi qui détermine, indirectement, ce qui doit passer ou pas en ce qui concerne les textes de loi examinés par le parlement, notamment du fait que plusieurs députés se rapprochent de lui par opportunisme politique. D’ailleurs pour avoir lui-même joué ce rôle, dans le passé, M. Mliki est bien placé pour le confirmer.
L’ancien porte-parole de Qalb Tounes a, par ailleurs, rappelé que la constitution ne définit pas de prérogatives particulières pour la personne qui occupe le poste de président de l’ARP. «Il est considéré comme un député comme les autres, élu pour représenter le Parlement, le gérer administrativement et veiller à son bon fonctionnement», a-t-il détaillé.
Pourtant, regrette-t-il, Rached Ghannouchi gère la présidence de l’ARP comme s’il présidait son mouvement Ennahdha, notamment en publiant des communiqués sans se référer aux députés et en choisissant d’en soutenir quelques uns aux dépens d’autres.
Hatem Mliki a, sur un autre plan, indiqué qu’il avait quitté Qalb Tounes parce que «le parti n’a pas d’identité politique, pas de gestion démocratique et pas de positionnement politique clair». «Nous devrions être affiliés à un parti politique, pas faire partie d’une société avec patente», ajoute-t-il, insinuant que le président du mouvement, créé en juin 2019, Nabil Karoui, y adopte une politique unilatérale et au plus près de ses propres intérêts.
D’autre part, le député a critiqué l’initiative législative visant à interdire le tourisme parlementaire, estimant que si ce projet venait à passer, les allégeances des élus seront orientées vers les présidents des partis politiques plutôt que l’intérêt supérieur de la patrie.
C. B. Y.
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