Un tour d’horizon mondial sommaire de la pandémie du coronavirus (Covid-19), révèle la situation catastrophique aux Etats-Unis et en Russie, deux pays partageant un point commun, une direction politique irresponsable. Mais pour le moment les niveaux de pandémie sont les plus bas dans les pays les moins densément peuplés et où la médecine communautaire a été, ou est toujours, développée.
Par Dr Mounir Hanablia *
Si on examine une carte mondiale de la pandémie, on s’aperçoit que les pays les plus touchés sont de loin ceux de l’Eurasie et de l’Amérique du Nord. En Europe, il existe une dichotomie importante entre l’est et l’ouest du continent à partir d’une ligne correspondant globalement aux frontières des anciens Etats du pacte de Varsovie, et englobant les pays baltes ainsi que la péninsule des Balkans. Une idée intéressante est que les anciens pays socialistes avaient tous l’habitude de faire vacciner gratuitement leurs populations jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989. Sans doute les populations qui sont exposées à la maladie dans ces pays en subissent-elles encore les effets 30 ans après.
Mais l’exemple de la Chine communiste, entrée dans le capitalisme tout comme ces pays-là, prouve que les choses sont plus complexes, avec une population beaucoup plus nombreuse; il n’en demeure pas moins que ce grand pays a réussi à juguler la pandémie, peut-être à cause d’une organisation politico-administrative hyper centralisée, qui lui avait néanmoins interdit de réagir pendant quelques semaines en lui faisant ainsi perdre un temps précieux, donnant prise à des accusations malveillantes.
En Europe, l’Autriche ou la Suisse, peu frappés mais entourés de pays très touchés par la pandémie, prouvent qu’un système de santé développé associé à des mesures de prévention précoces peut prévenir efficacement l’extension de la maladie. Á noter que l’Autriche germanique, dans son score de la pandémie, s’est comportée plus comme un Etat de la Mittel Europa, semblable à ses anciens associés slaves et hongrois, qu’à un pays occidental.
Plus au nord, la Suède pâtit de son organisation citoyenne par rapport à ses voisins, le ministère de la Santé n’ayant pas le pouvoir d’imposer des mesures restrictives.
Au Moyen-Orient, les pays de loin les plus durement touchés sont la Turquie et l’Iran, séparés de la Chine par une Asie Centrale relativement épargnée, peut-être du fait de sa faible densité de population et de son caractère fortement désertique.
L’Afghanistan, mais aussi la Syrie et le Yémen, nous disent que les pays en guerre ont d’autres problèmes plus urgents que la prise en charge d’une maladie complexe.
Plus au sud le sous-continent indien semble se diriger vers des scores tragiques de la maladie, mais les habitudes culinaires assez strictes des Hindous comparativement à celles des Chinois ainsi que leur organisation sociale hiérarchisée joueront sans aucun doute un rôle dans la limitation des dégâts.
Plus à l’est, la péninsule indochinoise apparaît peu touchée. Un pays comme le Vietnam, limitrophe de la Chine et densément peuplé sur les rives de ses deux grandes rivières, le Mékong et le Fleuve Rouge, a remarquablement su se préserver.
Au sud de la péninsule malaise, l’Indonésie densément peuplée au niveau de l’île de Java, semble menacée, quoique la dispersion de son territoire en une multitude d’îles puisse faciliter d’éventuelles mesures de confinement.
L’Australie, désertique, a été faiblement contaminée, et plus au nord, le Japon, densément peuplé, a fait mieux que la Chine, tout comme la Corée du Sud; ils le doivent sans doute à leurs populations éduquées et hautement disciplinées.
Sur le continent américain, ce sont l’Argentine, la Bolivie, et le Venezuela, qui semblent résister le mieux. Ces deux derniers pays possèdent encore apparemment une médecine communautaire développée après les présidences de Morales et de Chavez.
Ailleurs le Mexique, un pays de fortes disparités sociales et d’insécurité, semble en voie d’être massivement touché. Le Canada, un pays réputé avoir un système de santé très développé, est aussi fortement frappé, peut-être du fait de l’adoption depuis quelques années d’un modèle libéral semblable à celui de son voisin du sud, tragiquement submergé.
Á noter la catastrophe brésilienne faisant nettement contraste avec le pays voisin, l’Argentine, à laquelle son président actuel n’est pas étranger.
Il reste l’Afrique, ce continent géant dont une grande partie est désertique et qui, malgré des moyens souvent sommaires, demeure pour le moment peu touché. Au Maghreb, largement désertique, il y a relativement peu de cas et la médecine communautaire est encore assez développée malgré les choix politiques de ces dernières années.
Au Sud du Sahara, une fois dépassée la ceinture de la Savane, le nombre de cas s’élève légèrement à l’orée de la forêt tropicale et de la côte, atlantique, plus peuplée.
Du reste dans toute l’Afrique c’est l’Egypte qui apparaît la plus menacée, ce qui est normal étant donnée la densité de sa population étalée le long du Nil, et les choix politiques de son gouvernement.
Quant à l’Afrique du Sud, il semble que la majorité de la population n’y ait pas encore retiré de bénéfices en termes de santé publique, de la fin de l’apartheid.
On ne peut donc pas tirer de conclusion définitive de ce tour d’horizon mondial sommaire, mise à part la situation catastrophique aux Etats-Unis et en Russie. Peut-être que ces deux pays partagent un point commun, une direction politique irresponsable.
Pour le moment les niveaux de pandémie sont les plus bas dans les pays les moins densément peuplés et où la médecine communautaire a été, ou est toujours, développée.
* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.
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