Tunisia Health Alliance, un groupement d’entreprises tunisiennes intervenant sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la santé, vient de dévoiler les résultats d’une étude réalisée sur l’impact de la crise Covid-19 sur les cliniques privées en Tunisie.
Cette étude, la première d’une série portant sur l’impact social, économique et financier sur les sous-secteurs de la santé, prévient que la situation du secteur des soins privés est alarmante si des mesures spécifiques à court, moyen et long terme ne sont pas adoptées ou prises en considération en réponse à la crise sanitaire.
L’étude a été réalisée à partir d’un questionnaire adressé aux dirigeants des différentes cliniques privées tunisiennes pour représenter un échantillon significatif. 43 des 100 établissements existants ont répondu au questionnaire, représentant près de 70% des lits du secteur et couvrant 13 gouvernorats du territoire tunisien.
Un secteur stratégique à préserver
La Tunisie compte près de 100 cliniques privées, réparties sur l’ensemble des régions, employant près de 17.000 salariés, avec une capacité de 6.000 lits (soit 20% de la capacité nationale). Le secteur s’est développé en complément de l’offre public et se positionne en deuxième ligne de soins en cas de crise sanitaire et saturation du secteur public.
Avec un chiffre d’affaires estimé à 870 millions de dinars en 2019, le secteur des cliniques privées intervient dans un écosystème global des services de santé qui génère à l’export plus de 2,5 milliards de dinars de recettes directes et indirectes. La Tunisie est en effet parmi les destinations prisées du tourisme médical dans la région du Moyen Orient et Afrique du Nord.
Pertes importantes du chiffre d’affaire
Durant la crise de la Covid-19, l’étude montre qu’une clinique sur deux a perdu au moins 85% de son chiffre d’affaires habituel et 3/4 des cliniques ont perdu au moins 70% de leur chiffre d’affaires. Avec des charges fixes qui représentent près de 41% du chiffre d’affaires habituel, 97% des cliniques sont en train de travailler à perte et ne sont plus en mesure de couvrir leurs charges d’exploitation.
Cette baisse du chiffre d’affaires s’explique notamment par la limitation de l’activité médicale aux actes urgents, le quasi-arrêt des consultations, la restriction de la circulation et la diminution de l’afflux des patients ainsi que la fermeture des frontières qui a bloqué tout le flux des patients étrangers.
Avec la crise économique générale, les cliniques prévoient une baisse de 30% de la demande du marché local pour la prochaine période et une reprise graduelle de l’activité internationale seulement en début 2021, alors qu’une clinique sur deux fait au moins 40% de son chiffre d’affaires grâce aux patients étrangers.
Une menace réelle sur les emplois
Ce qui est alarmant, c’est que près de la moitié des cliniques seront en difficulté de payer les salaires du mois de mai et seulement 2,5% des cliniques pourront honorer les salaires de leurs employés jusqu’au mois d’août. «Au niveau du secteur, plus de 10 millions de dinars de masse salariale mensuelle ne pourra être honorée et plus de 9.000 emplois seront ainsi menacés sur les 17.000 emplois hautement qualifiés que compte le secteur», souligne l’étude.
«Si notre mission première est vouée à la promotion et au développement des activités de santé à l’export, il est important aujourd’hui de mesurer l’impact de cette crise sur l’ensemble des sous-secteurs de la santé et apporter des pistes de réflexion qui pourront non seulement enclencher la relance du secteur mais également améliorer les services de soins aux patients», a déclaré Ghazi Darghouth, président de Tunisia Health Alliance.
Les pistes de recommandations proposées dans l’étude traitent à la fois d’un plan d’urgence qui permettra d’alléger la charge financière des cliniques, d’un plan de relance en vue du déconfinement et d’une meilleure prise en charge des patients mais également d’un plan de développement qui permettra d’assurer un meilleur dialogue entre les structures publiques et privées.
Source : communiqué.
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