Dans son Briefing paper n°9 sous le titre «Inégalités et fiscalité en Afrique du Nord’’, réalisé par l’économiste Chafik Ben Rouine, son Head of Quantitative Research, l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE) affirme que seules l’Algérie et la Tunisie ont adopté une stratégie de réduction des inégalités par le haut et sont arrivées à une structure proche de celle de l’Europe et de la Chine où la classe moyenne détient la plus grande part du revenu national.
Partant du fait que la crise financière mondiale de 2008 a exacerbé les inégalités ayant abouti aux révolutions arabes en 2011 dans un premier temps puis en Occident avec le mouvement Occupy Wall Street qui a été le premier mouvement social à pointer du doigt les 1% les plus riches.
Pour analyser les inégalités de revenu dans la région nord-africaine, l’auteur de cette étude s’est basé sur les travaux du World Inequality Database (WID) créé en janvier 2011 par les équipes de Piketty.
Plus spécifiquement, il a utilisé dans un premier temps la base de données sur les inégalités en Afrique créée pour la première fois en octobre2019 par les équipes du WID2. Ces données lui ont permis d’analyser la structure des inégalités et des inégalités extrêmes pour les pays d’Afrique du Nord, nommément le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte.
Dans un second temps, l’auteur a analysé les inégalités identifiées au regard des efforts effectués pour les réduire et notamment à travers les effets redistributifs des politiques fiscales et sociales de ces pays.
Pour cela, Chafik Rouine s’est basé notamment sur les derniers travaux du Standardized World Income Inequality Database (SWIID) de Harvard. Il a essayé ensuite d’analyser les spécificités de chaque modèle de réduction des inégalités an Afrique du Nord.
L’auteur constate que seules l’Algérie et la Tunisie peuvent être regroupées selon un même modèle que ce soit en termes de structure des inégalités ou de stratégie de réduction de celles-ci. «En effet, les deux pays ont une structure proche de celle de l’Europe et de la Chine où la classe moyenne détient la plus grande part du revenu national et ont adopté une stratégie similaire alliant une réduction des inégalités par le haut avec un impôt sur le revenu progressif (avec le même taux marginal supérieur de 35%) et une réduction par le bas à travers une protection sociale pour les populations les plus vulnérables», souligne Chafik Ben Rouine.
Si la Libye apparaît comme un pays assez égalitaire grâce notamment à une forte redistribution de la rente pétrolière à des fins politiques, «l’Egypte et le Maroc sont assez proches sur certains aspects mais diffèrent sur d’autres. Les deux pays sont les plus inégalitaires dans la région mais avec des inégalités extrêmes très fortes au Maroc notamment la part des 1% les plus riches qui demeurent toujours supérieure à celle des 50% les plus pauvres, ce qui n’a jamais été le cas en Egypte. Les deux pays sont ceux qui réalisent l’effort redistributif le plus fort dans la région mais sans que cela ne fasse baisser les inégalités dans leur pays respectif», écrit l’économiste. Il ajoute, en guise conclusion : «Tandis que l’Algérie, la Tunisie et la Libye sont sur la bonne voie en termes d’inégalités, l’Egypte gagnerait à renforcer la réduction des inégalités par le haut à travers un impôt sur le revenu plus progressif dans les tranches supérieures, et le Maroc gagnerait de son côté à réduire les inégalités extrêmes à travers une politique plus proactive envers les 1% les plus riches.»
I. B.
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