Le président d’Ennahdha et de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, a commenté les appels à la dissolution du Parlement et à sa destitution de sa présidence. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision qatarienne, Al Jazeera, et publié ce mardi 2 juin 2020, l’islamiste a estimé que «des agendas locaux et régionaux en sont à l’origine».
Rached Ghannouchi assure, dans le même contexte, que l’objectif de ces appels est de perturber la transition démocratique que connaît la Tunisie et qu’ils visent à instaurer l’instabilité dans le pays, à perturber les institutions de l’État et à porter atteinte aux intérêts des citoyens.
Pour lui, ce sont des parties étrangères et notamment des pays du Golfe (faisant allusion à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis) qui veulent entraver la démocratie tunisienne et mettre fin à la vague du printemps arabe, ajoutant que son parti, Ennahdha, est ciblé car il est, selon ses dires «la locomotive du processus démocratique tunisien».
Pour ce qui est des appels au retrait de confiance au gouvernement d’Elyes Fakhfakh et à sa destitution de la présidence du parlement, Ghannouchi a indiqué que ce sont des questions qui sont réglées par la Constitution et le règlement intérieur de l’ARP, et qu’elles sont déterminées par des procédures et des arrangements spécifiques qui doivent être respectés.
Certes, la légitimité de l’appel à dissoudre le parlement est très discutable, cependant, ce qui est plus important que la finalité de cet appel, ce sont les revendications qui l’accompagnent. Or, celles-ci ont été totalement ignorées par M. Ghannouchi, qui a préféré, maladroitement, adopter la politique de l’autruche et se focaliser sur la théorie du complot.
Pire encore, en projetant ses propres conflits politiques sur le plan international à cette affaire, tout en en essayant de lui enlever sa dimension nationale, il a, non seulement, manqué de respect aux protestataires tunisiens, mais en plus, il a confirmé ce que lui reprochent ces derniers, par dessus tout, à savoir profiter de son statut à la tête du Parlement pour servir les intérêts de son parti et de sa politique étrangère, et ce, dans le cadre du courant idéologique auquel il est affilié : celui des Frères musulmans.
D’ailleurs le choix d’Al Jazeera, une chaîne propagandiste qatarie faisant partie elle aussi de «l’équipe des Frères musulmans», pour s’exprimer, plutôt qu’un média tunisien, est sans doute très révélateur de l’état d’esprit du leader islamiste, qui désigne ainsi lui-même l’axe qu’il sert et au sein duquel il parle.
C. B. Y.
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