L’auteur réagit dans ce billet d’humeur à l’information relative aux documents issus des archives de l’historien, archéologue et spécialiste du patrimoine Azedine Beschaouch, jetés dans les poubelles de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beit Al-Hikma) et ramassées par les agents de la municipalité de Carthage.
Par Farouk Ben Miled *
Vandalisme ? Le mot est insuffisant.
Islamo-vandalisme, c’est encore trop peu.
Criminel, un début de vérité, auquel j’ajouterais les mots gueux et barbares.
Ce dernier serait-il un dérivé de berbère, amalgame déjà lu dans la littérature coloniale.
Je ne veux pas y croire.
Serais-ce là aussi les leçons de nos ancêtres ? Être amené à dire : «On en perd son latin» à un latiniste émérite, on ne voit cela que chez nous. Mais où allons-nous ?
Quand Mika a donné l’alarme, je n’y ai pas cru, et quand l’Institut national du patrimoine (INP) a pris le train en marche non plus, mais quand l’information s’est confirmée, nos bibliothèques tremblèrent.
Notre ministre des Affaires culturelles ferma les yeux, et se félicita du confinement.
Nos politiques «motus et bouche cousue».
Quant au maire de Carthage, il a raté sa vocation à être vendeur au sous-sol du B.H.V.
Les mots m’étreignent la gorge, et mon stylo refuse d’écrire.
Mon cher Bach, heureusement que tu es ailleurs, mais je sais aussi que tu portes tout en toi.
Ton enseignement est patrimoine.
Désormais tes leçons et publications seront écrites au burin sur les marches de ta ville, toi le disciple d’Apulée.
Et c’est bien cela qui les dépasse. **
* Architecte DPLG.
** Azedine Beschaouch était membre de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beit Al-Hikma), ministre de la Culture (27 janvier – 24 décembre 2011) et Maire de Carthage (21 juin 2011 – 11 janvier 2016), ce qui rend encore plus insupportable l’offense qui lui a été faite par Beit Al-Hikma, la Mairie de Carthage et le ministère de la Culture.
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