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Rapport sur les politiques du non-accueil des migrants en Tunisie

Un rapport a été réalisé, entre octobre et décembre 2019, en partenariat entre le Forum tunisien des droits économiques et sociaux et le réseau euro-africain Migreurop, vise à documenter les politiques de non-réception des migrants en Tunisie et à les placer dans le contexte plus large de fermeture des frontières adoptées par les pays de l’Union européenne. Le rapport met aussi l’accent sur la façon dont ces politiques se fondent dans les contextes humanitaires et de sécurité de la Tunisie.

«La réponse est claire : c’est non […] Nous n’avons ni les capacités ni les moyens d’organiser [des] centres de rétention». C’est par ces mots qu’en juin 2018, Tahar Chérif, ambassadeur tunisien auprès de l’Union européenne, réitérait le refus de la Tunisie d’accueillir sur son sol des camps où seraient «stocké•es» les migrant•es dont l’Union européenne ne veut pas.

Ce refus faisait suite à la proposition de la Commission européenne d’installer en Afrique du Nord des «plateformes de débarquement» pour les migrant•es secouru•es dans les eaux internationales, faute d’accord entre les États européens pour se répartir la charge de leur accueil, alors que l’Italie annonçait la fermeture de ses ports.

Mais si la Tunisie, aux côtés des autres pays africains, rejetait haut et fort le plan de la Commission et continuait à soutenir que jamais elle ne consentirait à devenir le garde-frontières de l’Union européenne, cela fait en réalité longtemps qu’elle accepte divers outils destinés au contrôle des migrant•es d’Afrique subsaharienne sur son territoire.

Après l’échec de l’approche régionale des plateformes de débarquement, l’Union européenne semble avoir pris le parti de mettre en place des arrangements de contrôle migratoire fragmentés et progressifs, dont la Tunisie est le candidat privilégié. À mesure que la situation sécuritaire en Libye se dégrade, elle semble en effet devenir la nouvelle cible de la stratégie européenne d’externalisation des frontières, et accumule progressivement les ingrédients qui tendent à la transformer en zone de contrôle migratoire.

Mais si la Tunisie offre une meilleure image en terme d’accueil pour ces populations migrantes que la Libye, l’expérience vécue par les migrant•es semble tout autre. «Vivre en Tunisie, ce n’est plus possible. Je dois repartir en Libye». En ce début d’année 2020, cette phrase est dans la bouche de plus en plus de personnes migrantes, pourtant venues trouver refuge en Tunisie après leur expérience libyenne.

Alors qu’en Libye les affrontements reprennent de plus belle, comment peut-on donc expliquer que des dizaines, voire des centaines de personnes quittent un pays en paix et ayant la réputation d’être plus ou moins hospitalier, pour un pays en plein chaos et extrêmement dangereux pour elles ? C’est de cette question et du constat répété du «non-accueil» des personnes migrantes sur le sol tunisien qu’est partie cette recherche de trois mois sur les politiques de gestions des migrations en Tunisie.

Le présent rapport tente de documenter ces politiques de «non-accueil», tout en les inscrivant dans le contexte plus large des politiques d’externalisation des frontières de l’Union européenne et en accordant une attention particulière à la manière dont ces politiques, dans le contexte tunisien, mêlent étroitement registres humanitaire et sécuritaire.

Cette étude sur les politiques de gestion des migrations en Tunisie, qui a duré trois mois, s’appuie sur plus de 90 entretiens avec des personnes migrantes (35 entretiens avec des exilé.e.s basé.e.s en Tunisie représentant 16 nationalités différentes), et des représentant.e.s d’organisations et d’organismes locaux et internationaux, ainsi qu’avec des chercheurs et chercheuses, et des journalistes. Elle s’appuie sur cet interrogatoire et sur l’observation récurrente de la «non-réception» des migrants sur le sol tunisien.

Pour télécharger le rapport.

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