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Image du jour : Mendiants et orgueilleux* à l’Assemblée

L’homme qui fume un gros cigare au volant de son bolide, vous l’avez sans doute reconnu, c’est Nabil Karoui, le président d’un parti, Qalb Tounes, qui n’a qu’un mot à la bouche : «al-faqr » et «al-fouqara» (les pauvres et la pauvreté). Comme quoi, on peut être pourri d’argent et avoir un cœur sensible…

Par Imed Bahri

Et l’homme en chemise rose, de dos, n’est pas un mendiant venu demander une aumône, même s’il est un grand partisan de la restauration de la «zakat». C’est, vous l’aurez sans doute deviné, le député Seifeddine Makhlouf, porte-parole de la coalition Al-Karama, une excroissance politiquement peu correcte du parti islamiste Ennahdha, et son satellite chargé des sales besognes à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

Le très moderne Nabil Karoui ne s’entend pas seulement avec les Nahdhaouis, qui le lui rendent d’ailleurs très bien et l’apprécient tellement qu’ils sont prêts à faire carrément «exploser» le gouvernement si son chef, Elyès Fakhfakh, et ses autres composantes partisanes refusent d’intégrer Qalb Tounes.

Nabil Karoui s’entend aussi très bien avec Seifeddine Makhlouf et ses «frères» salafistes extrémistes. Il s’entendrait même avec le diable s’il le faut, si tant est que ce dernier puisse l’aider à sortir du pétrin où il s’était mis par son égocentrisme, son mépris de la loi et son absence de tout scrupule.

L’homme, qui n’omet pas de poser avec son gros cigare pour impressionner son monde, est, rappelons-le, poursuivi dans des affaires de corruption financière, d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent (et quelques autres vétilles) et s’il s’agite et ne quitte presque plus l’enceinte de l’Assemblée, c’est parce qu’il pense que son sort s’y joue, ainsi que celui de son frère et associé, impliqué dans les mêmes affaires que lui, ci-devant député Qalb Tounes, Ghazi Karoui.

Qui mendie qui ? Et qui mendie quoi ? Ces chers «politichiens» ont tellement de choses à se reprocher qu’ils se tiennent tous par la barbichette, à commencer par leur patriarche, Rached Ghannouchi. Sinon comment expliquer l’énergie que met ce dernier à défendre avec un si grand acharnement un homme qu’hier encore il accusait de corruption et qu’entourent encore de si lourdes présomptions ?

* ‘‘Mendiants et orgueilleux’’ est le beau titre d’un roman d’Albert Cossery.

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