Alors que la Tunisie semble avoir vaincu la pandémie du Covid-19 et s’apprête à rouvrir ses frontières à partir du 27 juin, après quatre mois d’auto-confinement, pour relancer son économie, et notamment son tourisme, les prochains jours risquent d’être difficiles avec un nombre de cas qui ira en augmentant. Espérons ne pas être obligés de fermer à nouveau les frontières et de revenir à la case départ.
Par Pr Faouzi Addad *
Les dernières décisions prises par le gouvernement tunisien pour sauver la saison touristique n’auront finalement répondu ni à l’attente des hôteliers, qui ne comprennent pas le choix des conditions drastiques demandées aux touristes qui viendraient «dans un pays safe», ni aux Tunisiens vivant à l‘étranger qui se trouvent encore une fois face à une «politique de deux poids deux mesures», en comparaison avec les visiteurs étrangers, alors qu’ils comptaient pourtant revenir pour aider leur pays se trouvant dans une situation difficiles.
Les demi-mesures ne satisfont pas tout le monde
Les décisions ne sont ni totalement scientifiques, car le coronavirus ne devrait pas se comporter différemment devant un visiteur étranger ou un tunisien rentrant d’un pays étranger, ni totalement économique car ne répondant pas à la concurrence imposée par les autres pays touristiques comme la Grèce.
Au final, les demi-mesures ne peuvent que susciter la déception de tous.
Disons-le clairement la saison touristique pour cet été est fortement compromise et le retour des Tunisiens aussi. L’arrivée de nos amis algériens, habitués à sauver notre tourisme à chaque fois où les touristes européens se font rares, est elle aussi compromise par une situation très inquiétante depuis quelques jours à Alger et Blida avec une augmentation soudaine des hospitalisations des patients atteints de Covid-19 occasionnant un début de saturation des services hospitaliers, sans toutefois enregistrer des cas graves nécessitant la réanimation.
Tous les indicateurs épidémiologiques semblent d’ailleurs indiquer une augmentation des cas en Afrique durant cette période et qui pourrait occasionner une deuxième vague plus virulente durant la prochaine période hivernale.
La saisonnalité du Covid-19 semble donc se confirmer avec une diminution de sa virulence durant les saisons chaudes, même si, force est de le constater, le recours excessif à la climatisation dans les pays du Golfe a eu un effet inverse.
On ne peut toujours miser sur notre bonne étoile
Disons-le clairement, personne ne détient la vérité ni la solution pour relancer le tourisme mais jusqu’à présent, si la Tunisie a réussi c’est principalement par une communication claire avec des décisions acceptées par tous.
On devrait donc soit miser sur notre bonne étoile et ouvrir les frontières avec un test à l’aéroport pour tous et basta, soit laisser nos frontières fermées jusqu’à l’arrivée du vaccin à la fin de l’année… si tout va bien, scénario difficilement acceptable car il serait fatal pour l’économie, déjà très mal en point, c’est un euphémisme.
En attendant, les prochains jours risquent d’être difficiles avec un nombre de cas qui ira en augmentant. Espérons ne pas être obligés de fermer à nouveau les frontières et de revenir à la case départ.
* Professeur en cardiologie.
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