Parce que les eaux usées constituent des révélateurs intéressants de l’état de contamination dans une zone donnée, l’Office national de l’assainissement (Onas) doit probablement être mis à contribution dans la stratégie nationale de lutte contre la pandémie de coronavirus (Covid-19).
Par Pr Faouzi Addad *
Les eaux usées sont devenues une mine d’informations sur la propagation de la pandémie du Covid-19. En effet, la présence du virus dans les selles des patients ont poussé les chercheurs européens à s’intéresser à ces eaux et à les interroger.
D’abord, les eaux usées viennent de nous confirmer ce que nous savions depuis quelques mois déjà, à savoir que le virus circulait dans les capitales européennes plusieurs mois avant l’apparition du cas zéro.
Le virus est apparu dès décembre en Europe
Les anciens prélèvements des eaux usées en Italie ont trouvé des traces de coronavirus dès décembre 2019, alors que le premier cas a été officiellement détecté dans ce pays le 20 février 2020, soit un mois après l’Espagne. Et ceci est en cohérence aussi avec les données françaises sur des prélèvements positifs de patients admis en réanimation en décembre 2019.
Cela est une preuve irréfutable, une de plus, sur la circulation du virus bien avant la détection du fameux cas zéro. Et explique probablement les erreurs de nombreux modèles mathématiques sur la vitesse de contamination et le potentiel très mortel de la maladie.
Une seconde information est d’importance capitale car elle pourrait aider à la surveillance de l’épidémie : l’apparition du virus dans les eaux usées est un signal précoce de l’existence d’une infection et devance de plusieurs jours l’apparition des premiers symptômes de la maladie car dès l’infection, le patient commence à produire et à diffuser le virus. Cette découverte permet, entre autres, de surveiller de manière plus efficiente l’évolution des maladies émergentes.
Surveiller les endroits où les eaux usées sont rejetées
Une dernière question, restée sans réponse pour l’instant, concerne le caractère infectieux ou non de ce virus dans les eaux usées ou de baignade. Le risque de contamination doit pousser les instances concernées à surveiller ces eaux ainsi que l’endroit où elles sont rejetées. Et pour cela, des analyses doivent donc être effectuées régulièrement.
Cette traque du virus dans les égouts pourrait finalement venir en complément des moyens de diagnostic sanitaire individuel pour évoluer vers une stratégie plus globale.
C’est la raison pour laquelle l’Office national de l’assainissement (Onas) doit probablement être mis à contribution dans la lutte contre le Covid-19.
* Professeur de cardiologie.
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