De retour de France, où il a été, pendant 2 jours, les 22 et 23 juin 2020, en visite officielle, le président de la république, Kaïs Saïed, n’a pas observé d’auto-quarantaine sanitaire conformément au plan national de lutte contre le coronavirus. Ainsi, il a non seulement transgressé la loi en vigueur, mais il a aussi manqué une nouvelle occasion de donner le bon exemple à son peuple par rapport à ce sujet. Mais pouvait-il vraiment faire autrement, vu ses fonctions ?
Bien qu’il ait été dans l’un des pays les plus touchés par la pandémie (la France compte actuellement plus de 50.000 cas actifs) et qu’il y ait rencontré des dizaines de personnes, le chef de l’Etat tunisien a poursuivi ses activités politiques comme si de rien n’était.
Ainsi, il était présent aujourd’hui, sans même porter une bavette, à la cérémonie du 64e anniversaire de la création de l’armée nationale tunisienne, où il a notamment décoré quelques militaires… «pour leurs efforts dans la lutte contre la pandémie Covid-19», selon les termes employés dans le communiqué de la présidence de la république. Pour le coup, il aurait mieux fait de s’en inspirer.
Saïed a également été accueilli, hier, à l’aéroport par un détachement des 3 armées, ainsi qu’une délégation officielle composée notamment du chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, de membres de son cabinet ainsi que du gouverneur de Tunis, Chedli Bouallègue, et de la mairesse de Tunis, Souad Abderrahim. Comme quoi, il n’est pas le seul à agir maladroitement dans ce gouvernement.
Rappelons que le président de la république a déjà eu quelques dérapages du même genre, durant la période de confinement sanitaire général, lorsqu’il s’était rendu à Tebourba et à Kairouan pendant la nuit, pour y rencontrer des citoyens et leur distribuer des aides sociales, alors que le pays observait un couvre-feu qu’il avait, lui-même, décrété.
Bien que cela semble quelque peu utopique de demander à un chef d’Etat d’un pays arabo-islamique de respecter la loi comme n’importe quel autre citoyen, vous n’êtes pas sans savoir que la Tunisie est en train d’instaurer une démocratie et qu’une révolution, à cet effet, a eu lieu il y a 9 ans. De ce fait, il n’y a rien de plus cohérent que d’exiger au président de la république de se conformer à la loi. Même s’il peut estimer que ses charges protocolaires sont telles qu’il est parfois obligé d’outrepasser une règle sanitaire.
Cherif Ben Younès
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