Trop, c’est trop ! En s’acoquinant avec les islamistes radicaux d’Al-Karama, Nabil Karoui a perdu toute estime aux yeux de Abir Moussi, si tant est qu’elle avait la moindre estime pour lui. D’ailleurs, elle s’apprête à le joindre, lui et son parti, Qalb Tounes, à la longue liste de ses adversaires politiques.
Par Imed Bahri
La présidente du Parti destourien libre (PDL), qui n’a jamais raté personne parmi les acteurs politiques de la place, a jusque-là ménagé ses critiques envers Qalb Tounes et son président Nabil Karoui, magnat de télévision et de publicité poursuivi en justice dans des affaires d’évasion fiscale, de corruption financière et de blanchiment d’argent.
Même après leur vote qui a permis à Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, de prendre la présidence de l’Assemblée ds représentants du peuple (ARP), Mme Moussi a évité de s’en prendre aux députés de Qalb Tounes. Et au plus fort des amabilités échangées entre les dirigeants d’Ennahdha et de Qalb Tounes, les premiers faisant pression sur Elyes Fakhfakh pour intégrer le parti de Nabil Karoui dans la coalition gouvernementale, la présidente du PDL a continué à regarder ailleurs. Son problème restera, dans la hiérarchie de ses priorités, Ennahdha et son président.
Qalb Tounes a trahi sa famille politique
En fait, elle considérait Qalb Tounes comme faisant partie de la même famille politique que le PDL, celle dite libérale et moderniste, et ne désespérait pas de le voir la rejoindre un jour dans sa kabbale contre le parti islamiste et appuyer sa démarche visant à faire destituer Rached Ghannouchi.
Aujourd’hui, elle semble avoir perdu tout espoir de récupérer l’irrécupérable Nabil Karoui. Et pour cause : ce dernier et son parti ont franchi la dernière ligne rouge, en s’acoquinant ouvertement avec le parti Al-Karama pour préparer, en semble, une motion de censure contre le gouvernement Fakhfakh.
Cette décision a été la goutte qui a fait déborder le vase. Trop c’est trop. Mme Moussi a vu dans cette alliance à ses yeux contre-nature une véritable trahison. Et elle n’a pas manqué de le dire.
Pour elle, Qalb Tounes a vendu son âme au diable en s’alliant définitivement aux Frères musulmans d’Ennahdha et d’Al-Karama, ses ennemis jurés.
Qalb Tounes s’est jeté dans le giron d’Al-Karama
S’exprimant aujourd’hui, en marge de la plénière à l’Assemblée consacrée à l’audition du chef du gouvernement Elyes Fakhfakh sur le bilan des 100 premiers jours de son mandat, elle a enfin craché le morceau : «C’est une grande trahison. C’est une honte pour Qalb Tounes et, surtout, pour son président, qui a axé sa campagne pour la présidentielle il y a 6 mois sur le thème du rejet d’Ennahdha et qui, aujourd’hui, ne s’allie pas seulement à Ennahdha, mais se jette dans le giron d’Al-Karama, le para-choc d’Ennahdha», a-t-elle déclaré.
Et Mme Moussi d’ajouter que son parti va bientôt définir sa position définitive vis-à-vis de Qalb Tounes, laissant ainsi la porte entrouverte pour une très improbable alliance de dernière minute pour la destitution de Ghannouchi.
En attendant, elle doit faire une croix définitive sur les plateaux de Nessma TV dont le patron, Nabil Karoui, n’est pas du genre à appliquer les règles de la déontologie médiatique, exigeant la neutralité éditoriale et la répartition des passages des responsables politiques dans les émissions de sa chaîne de manière équitable. Elle aura aussi droit bientôt à ses campagnes de désinformation et de dénigrement…
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