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Tunisie : Quelle suite donnera le pôle financier à l’affaire Fakhfakh Gate ?

La justice tunisienne s’est saisie de l’affaire dite de Fakhfakh Gate, ayant défrayé la chronique cette semaine, mais il reste à espérer que le dossier ne finira pas dans un tiroir, lorsqu’il perdra tout intérêt aux yeux de toutes les parties prenantes politique…

Par Imed Bahri

Le substitut du procureur de la République Mohsen Dali a annoncé, dans une déclaration au quotidien arabophone ‘‘Le Maghreb’’ dans son édition de ce matin, samedi 27 juin 2020, que le pôle judiciaire financier s’est saisi du dossier de conflit d’intérêts qui concerne le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh.

L’affaire politico-financière est entre les mains de la justice et précisément le pôle judiciaire financier qui s’en est saisi suite à la plainte déposée par le député Yassine Ayari contre le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh en se basant sur l’information relayée par le site officiel de l’octroi des marchés publics.

Ce genre d’affaires requière du temps, dit le procureur

C’est ce qu’a indiqué M. Dali, substitut du procureur de la République, qui a ajouté que la déposition de M. Ayari a été entendue les deux derniers jours par le pôle judiciaire financier. Il a toutefois précisé que ce genre d’affaires requière du temps.

Sur un autre plan, il est revenu sur l’affaire concernant l’octroi par le ministre de l’Industrie Salah Ben Youssef du marché de confection de 2 millions de masques à l’usine du député Al-Badil Jalel Zayati sans appel d’offres, dite «affaire des bavettes», indiquant que le pôle judiciaire financier s’en est également chargé.

Rappelons que l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), alertée par des industriels et des artisans du textile, a enquêté sur des suspicions de corruption et de conflits d’intérêts, dans cette affaire pour la transférer ensuite au procureur de la République auprès du Tribunal de première instance de Tunis. Le ministre et le député se sont excusés après coup mais la Justice doit suivre son cours.

Des affaires égarées dans les méandres de la justice

Espérons aussi bien pour cette affaire, celle du Fakhfakh Gate ainsi que toutes les affaires politico-financières, qu’elles aboutissent sans s’éterniser et sans être enterrées par on ne sait quel miracle.

Car jusque-là, dans ce genre d’affaires, la justice tunisienne n’a pas montré une grande célérité, si elle n’a pas, d’une manière ou d’une autre, contribué à l’omerta qui, généralement, les entoure notamment lorsqu’il s’agit d’acteurs politiques.

Les exemples des affaires égarées dans les méandres de la justice et dont on ne sait plus si elles sont en cours ou déjà enterrées définitivement ne manquent pas. La liste est très longue mais on en citera celles dites du Sheraton Gate et du don chinois, impliquant Rafik Abdessalem Bouchlaka, gendre de Rached Ghannouchi, le président d’Ennahdha et de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), de Nabil Karoui, magnat de la télévision et de la publicité et président du parti Qalb Tounes, et son frère et associé Ghazi Karoui, poursuivis pour évasion fiscale, corruption financière et blanchiment d’argent, ou encore de Slim Riahi, l’ancien président de l’Union patriotique libre (UPL) et du Club africain, en fuite à l’étranger depuis janvier 2019.

Rappelons, par ailleurs, que Fakhfakh Gate fait l’objet de trois enquêtes. Outre celle censée être ouverte par le Pôle judiciaire financier, il y a aussi une enquête parlementaire et une autre administrative. Trois «enterrements» en perspective, diraient les mauvaises langues…

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