La pandémie de Covid-19 provoque une crise de l’emploi bien plus grave que celle qui avait suivi la crise de 2008, estime l’édition 2020 des Perspectives de l’emploi de l’OCDE (en anglais), et cela ne sera pas sans conséquence pour la Tunisie dont l’économie est à 60-70 % dépendante de l’Europe.
Selon ce rapport, les femmes, les jeunes et les travailleurs à faible revenu sont les plus durement touchés et le taux de chômage dans les pays de l’OCDE a atteint 8,4% en mai 2020, contre 5,2% en février (+3,4%). Le nombre de demandeurs d’emploi dans la zone a atteint, en mai, 54,5 millions.
Pire encore, même dans le scénario le plus optimiste d’évolution de la pandémie, le taux de chômage dans l’ensemble des pays de l’OCDE pourrait atteindre 9,4 % au quatrième trimestre 2020, dépassant tous les pics enregistrés depuis la Grande Dépression de 1929.
Réagissant à ces données inquiétantes, le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, a déclaré : «En s’appuyant sur les mesures rapides et décisives qui ont été initialement prises face à la crise du Covid-19, les pays doivent maintenant faire tout leur possible pour éviter que cette crise de l’emploi ne se transforme en une crise sociale généralisée. Les politiques macroéconomiques doivent rester favorables à l’activité économique tout au long de la crise afin de minimiser le risque d’une récession prolongée et d’une génération perdue de jeunes dont les perspectives d’emploi sont durablement compromises. Pendant ce temps, reconstruire un marché du travail meilleur et plus résilient constitue un investissement essentiel pour l’avenir des prochaines générations».
Si l’impact de pandémie sur les économies des pays développés va atteindre ces pics dangereux, on imagine que pour des pays moins lotis, qui plus est, en crise bien avant la Covid-19, comme la Tunisie, où le taux de chômage dépasse aujourd’hui 15%, la situation pourrait être encore plus grave, sinon dramatique.
«L’enjeu est de taille: le chômage additionnel dans les pays de l’OCDE contractera la demande européenne, faute de pouvoir d’achat. On peut comprendre que la Tunisie accusera le coup, car elle ne pourra plus exporter autant qu’avant ou faire venir autant de touristes pour 2021», explique un expert économique. Il ajoute : «La Tunisie ne peut pas non plus exporter comme d’habitude autant de main d’œuvre (ingénieurs, médecins, ouvriers ou même de migrants clandestins)».
Le risque d’une deuxième vague de Covid-19, prévue pour l’automne et l’hiver prochains, n’arrangera pas la situation pour la Tunisie dont les dirigeants doivent se préparer à tous ces scénarios et prendre des mesures en conséquence, des tensions sociales voire politiques pourraient rendre la situation incontrôlable.
I. B.
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