Ennahdha veut participer à la formation du prochain gouvernement, dont est chargé Hichem Mechichi, actuellement ministre de l’Intérieur. C’est ce qu’a indiqué aujourd’hui, lundi 27 juillet 2020, Ajmi Lourimi, député et membre du bureau exécutif du parti islamiste.
Bien qu’il se soit montré insatisfait de la façon avec laquelle se sont déroulées les consultations entre le président de la république, Kaïs Saïed, et les différentes parties parlementaires, en vue de désigner un nouveau chef de gouvernement, à savoir à l’écrit et sans interactions, Ajmi Lourimi a estimé que le choix Mechichi était pertinent.
«Hichem Mechichi a travaillé au sein de l’administration publique. Il est également compétent et indépendant», a notamment lancé le Nahdhaoui, lors d’un entretien accordé à la radio Express FM.
Evidemment, Ennahdha veut surtout que le gouvernement soit «d’union nationale». C’est ce que M. Lourimi n’a pas manqué de rappeler, en espérant que le chef du gouvernement désigné soit plus coopératif concernant ce point, crucial pour le mouvement islamiste, que son prédécesseur, Elyes Fakhfakh.
La raison avancée par Ajmi Lourimi est l’importance, pour Hichem Mechichi, d’avoir une large ceinture parlementaire pour le soutenir et fortifier son gouvernement…
Néanmoins, il n’est désormais un secret pour personne que le mouvement de Rached Ghannouchi veut surtout gouverner avec son partenaire politique, Qalb Tounes, jusque-là indésirable par la plupart des partis de la coalition gouvernementale actuelle.
Ennahda veut participer à la formation du nouveau gouvernement, mais au vu de ce que le mouvement islamiste a montré pendant le mandat de Fakhfakh, où il s’est souvent comporté davantage comme un opposant que comme un partenaire, Hichem Mechichi voudra-t-il, à son tour, collaborer avec Ennahdha ?
Cela semble beaucoup moins certain, surtout que, tout comme Elyes Fakhfakh, c’est exclusivement à Kaïs Saïed qu’il doit son nouveau poste, et ce dernier ne porte clairement pas le mouvement islamiste dans son cœur et devrait s’être assuré de désigner quelqu’un qui partage ses convictions politiques.
Par ailleurs, des voix s’élèvent pour demander un gouvernement de redressement national constitué de compétences indépendantes des partis, ces derniers ayant souvent constitué un obstacle au travail gouvernemental et créé plus de problèmes au gouvernement qu’ils ne l’ont aidé à en résoudre.
Aussi, M. Mechichi serait-il tenté d’opter pour cette formule, les partis étant acculés à lui accorder la confiance au risque de voir l’Assemblée dissoute par le président de la république et de devoir se soumettre à nouveau au jugement de leurs électeurs à travers des législatives anticipées. Un exercice dont la plupart des partis ont de bonnes raisons d’appréhender l’issue.
Cherif Ben Younès
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