Suite aux moult critiques à l’endroit de Nadia Akacha, directrice du cabinet du président de la république Kaïs Saïed, sa collègue à la présidence Rachida Ennaïfer, la responsable de l’information, a fui les véritables raisons de la discorde et a choisi la facilité en usant du faux-prétexte d’une prétendue misogynie. Chut, ne critiquez pas Nadia Akacha, Rachida Ennaïfer vous accusera sans vous connaître de misogynie.
Par Imed Bahri
La responsable de l’information à la présidence de la république Rachida Ennaïfer a affirmé, dans une intervention sur Mosaïque FM, aujourd’hui, mercredi 2 septembre 2020, que le cabinet de Kaïs Saïed comprend des compétences dans de nombreux domaines diplomatique, social et économique, et que l’équipe est composée d’un tiers de femmes, et que c’est un choix fait par le président de la république de donner la possibilité aux femmes d’être présentes numériquement et qualitativement. Mais est-ce vraiment le cœur du sujet, en ce qui concerne les critiques à caractère politique exprimées l’encontre de Mme Akacha ? Cela s’appelle détourner le sujet ou botter en touche…
Le «parleur suprême» aime s’entourer d’une armée de taiseux
Rachida Ennaïfer a indiqué que les campagnes de dénigrement contre Nadia Akacha et l’ensemble du cabinet viennent du fait que l’équipe travaille dans la solidarité et le silence (j’adore ce «silence», qui laisse seul le président pérorer du haut des tribunes et parler pour – ou à la place – de tout le monde), ce qui a ouvert la porte à de nombreuses interprétations, allégations et à l’exploitation de certaines parties de l’absence d’un porte-parole officiel pour y répondre. Et d’ailleurs, Mme Ennaïfer n’explique pas pourquoi il n’y a pas de porte-parole à la présidence, est-ce parce qu’elle ne peut avoir qu’un «parleur suprême».
Rachida Ennaïfer a estimé que toutes les campagnes et tous les doutes portés contre Nadia Akacha étaient dus au fait qu’elle soit une femme ayant réussi à atteindre la plus haute hiérarchie du pays. Et à ce propos, justement, Mme Ennaïfer aurait été bien inspirée de nous dire comment Mme Akacha a pu atteindre cette plus haute hiérarchie de l’Etat. En ayant simplement fait partie de l’équipe de droit constitutionnel de M. Saïed à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Si ce dernier ne l’a pas croisée, aurait-elle jamais quitté l’université ?
Une compétence ça ne se déclame pas, ça se prouve
Rachida Ennaïfer aurait pu nous dire également et surtout nous renseigner sur la prétendue compétence de Nadia Akacha, où est cette prétendue compétence et comment se serait-elle traduite, avant d’entrer au palais de Carthage par la seule volonté et le seul coup de pouce du «parleur suprême» ? Elle aurait pu donner quelques exemples des réalisations antérieures de Mme Akacha, on a beau chercher, on n’en trouve pas.
C’est facile de crier à la misogynie, très facile mais c’est ridicule et c’est de la mauvaise foi car tout responsable politique, homme ou femme, jeune ou moins jeune, n’est ni sacré ni au-dessus de la critique. Du moment on où on accepte une responsabilité politique, on doit accepter la critique sinon on quitte son poste. Et si on croit à la parité on accepte d’être critiqué comme un homme, ce n’est pas parce qu’on est une femme que l’on est au-dessus de la critique.
En criant à une prétendue misogynie, Rachida Ennaïfer invoque un faux prétexte pour fuir le sujet. Nous n’avons vu aucune compétence de Nadia Akacha et en plus, Rachida Ennaïfer aurait pu nous expliquer les départs en cascade de la présidence de la république en moins d’une année, et il s’agit pour la plupart de personnalités très compétentes, et toutes les crises à répétition avec nombreux responsables depuis le début du mandat de M. Saïed. Peine perdue, Rachida Ennaïfer était hors-sujet. Elle aussi n’est pas à sa place…
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