Le procureur de la république auprès de la Cour d’appel de Nabeul et membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Khaled Abbès, a indiqué aujourd’hui, lundi 21 septembre 2020, que la magistrate Ichraf Chebil, épouse du président de la république, Kaïs Saïed, s’est opposée – en ayant recours aux mesures légales – à la décision de sa mutation à Sfax.
Pour rappel, Mme Chebil avait fait l’objet d’une décision de mutation par le Conseil de l’ordre judiciaire, le 12 août dernier, dans le cadre du mouvement annuel dans le corps des magistrats.
Selon M. Abbès, la juge a récemment déposé une contestation contre sa mutation, ajoutant que cette demande sera examinée prochainement.
Le procureur a, par ailleurs, indiqué que l’épouse du président n’a pas bénéficié d’un traitement de faveur et que, de son côté, elle n’a pas demandé à être considérée comme un cas exceptionnel.
En revanche, elle n’a pas demandé à avoir un congé sans solde durant 5 ans, soit la durée de la mandature de son époux en tant que chef de l’Etat, et ce, contrairement aux rumeurs diffusées à l’élection de ce dernier et contrairement aussi «à ce que le Conseil attendait», selon M. Abbès.
L’objectif de cette mise à l’écart volontaire aurait été, bien entendu, d’éviter tout risque d’abus de pouvoir ou de soupçons allant dans ce sens, à l’encontre de la magistrate, dans le cadre de son travail… mais cela aurait été aussi et surtout une forme de subordination inadéquate au poste de son mari.
Mme Chebil a tout à fait le droit d’exercer son métier en tant que professionnelle à part entière et indépendamment de la carrière de son époux. Et si jamais il y a des dépassements liés à ses pouvoirs ou à ceux de Kaïs Saïed, c’est à ce moment-là que le(a) responsable devra en assumer la responsabilité.
Cherif Ben Younès
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