Etant sur la ligne de front en contact de patients clairement infectés par la Covid-19 et d’autres porteurs sains consultants, les professionnels de la santé, en Tunisie, commencent à être infectés eux-mêmes et en grand nombre. Malgré les moyens humains et matériels très limités, ils font de leur mieux pour continuer à soigner les malades. Ils ont seulement besoin d’être mieux considérés et leurs efforts valorisés.
Par Pr Faouzi Addad
Les blouses blanches font face à la plus grande menace sanitaire des temps modernes en étant à la fois acteurs et victimes. Acteurs en étant sur la ligne de front en contact de patients clairement malades et où la protection est bien définie avec un risque faible de contamination mais aussi face à des porteurs sains consultants pour d’autres problèmes de santé et où la vigilance peut-être plus faible et où le risque de contamination peut-être plus élevé. Mais ils sont aussi victimes d’une ouverture des frontières mal préparée avec un jeu de couleurs pour classer les pays de provenance des voyageurs qui frôle le ridicule, car quelle serait la différence entre une personne positive venant d’une zone verte ou d’une zone rouge ? Le plus pertinent est que toute personne positive ou suspectée de l’être soit isolée.
Le résultat on le connait, tous les chiffres sont là pour prouver l’erreur de stratégie et pourtant on continue à jouer avec les couleurs des pays comme si de rien n’était.
Le personnel médical et paramédical assumera bien évidemment son rôle malgré les défaillances à tous les niveaux, l’absence de valorisation de tous ces sacrifices et les conséquences psychologiques sur les membres de leurs familles.
Les visites de terrain du ministère de la Santé qui se multiplient permettent de prendre connaissance de l’ampleur du mécontentement du personnel de santé. Cela ne date pas d’aujourd’hui car nous n’avons jamais été écoutés et notre conscience professionnelle fait que nous continuons à prodiguer les meilleurs soins malgré les conditions qui sont de plus en plus difficiles.
Les ressources humaines doivent être augmentées car nous avons été saignés, au cours des dix dernières années, par le départ de milliers de blouses blanches à l’étranger. D’un autre côté, il est temps que les professionnels de la santé sur le terrain soient considérés à leur juste valeur.
En attendant, nous ne lâcherons rien malgré le sentiment d’avoir été lâché car notre motivation c’est de soigner les malades.
Prompt rétablissement à tous le personnel soignant qui a été atteint, nous finirons tous par l’être un jour, surtout protégez-vous bien et soyez aussi vigilants aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’hôpital. Nous finirons par vaincre la pandémie, j’en suis certain, et notre système de santé restera debout.
* Professeur en cardiologie.
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