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Vaccination contre la grippe saisonnière : Le blues des pharmaciens

Le pharmacien de mon quartier, respecté par ses clients qui trouvent en sa personne un soutien moral et des fois matériel pour les démunis, c’est le conseiller, et l’ami de tous; or il se trouve, depuis le début de la fameuse campagne de vaccination contre la grippe saisonnière, dans l’embarras et la hantise d’essayer de convaincre, même les habitués de son officine, de sa bonne foi, dans la gestion de cette campagne lancée par les autorités sanitaires, et qui a nui à l’image de ses collègues et à leur crédibilité, en l’absence de toute cohérence entre le discours officiel et la réalité des faits.

Par Kamel Eddine Ben Henia *

Cette soi-disant campagne de vaccination massive, mort-née, fait l’objet d’une polémique à tous les niveaux.

Le vaccin antigrippal, mis à la disposition des citoyens, à coup de publicité et d’encouragements des autorités sanitaires, pour parer à toute confusion avec la Covid-19, dont les symptômes ressemblent à ceux de la grippe saisonnière, est inexistant une semaine après l’annonce de son écoulement sur le circuit pharmaceutique.

Le vaccin n’offre aucune immunité contre le coronavirus, puisqu’il s’est avéré que la Covid-19 n’est pas une grippe, mais une maladie nouvelle et naissante, par conséquent et selon les virologues, il n’y a aucune similitude entre les deux maladies, même si elles présentent les mêmes symptômes.

Dans cette optique, les citoyens se sont préparés à répondre positivement, et à s’inscrire, dans cette initiative qui tend à alléger la charge des hôpitaux, où on risque de confondre coronavirus et grippe de saison.

Des quantités insuffisantes raflées aussitôt mises sur le marché

La quantité de doses annoncée, et qui est de l’ordre de 370.000 unités ne saurait couvrir les besoins des centaines de milliers de gens voire des millions qui en ont besoin, et qui se trouvent désappointés en se présentant aux pharmacies, où on leur annonce l’indisponibilité du produit. Or les organismes officiels concernés soutiennent fermement que l’approvisionnement du marché en quantité suffisante se déroule normalement, jetant le discrédit sur les pharmaciens qui se trouvent pointés du doigt, confrontés à la colère de leurs clients mécontents, désorientés et qui ne savent plus qui croire, d’autant plus que des bruits courent à propos de l’existence de ces vaccins dans le circuit parallèle, une spécialité nationale, ce qui n’est pas de nature à apaiser la colère.

Si un pharmacien établit une liste d’attente des futurs vaccinés par centaines, et qu’on ne lui livre qu’une cinquantaine de doses, ou moins que cela, qui va-t-il privilégier si la plupart des candidats au vaccin sont vulnérables? À qui donnera-t-il la priorité, s’il n’est même pas en mesure d’honorer la liste qu’il a établi ? Comment peut-il faire patienter les candidats s’il n’a aucune possibilité de garantir l’exécution de sa commande auprès de la Pharmacie centrale? Pourquoi les autorités sanitaires ne donnent-elles aucun éclaircissement quant à la distribution du vaccin ? Est-ce que toute la quantité importée se trouve dans nos entrepôts, ou est-ce que sa livraison s’étalera sur plusieurs échéances ? Alors que le nombre de doses avancé ne couvre même pas les besoins d’un seul gouvernorat, si on continue à inciter les gens vulnérables à se faire vacciner.

Les pharmaciens ne savent plus quoi dire à leurs clients

On parle actuellement d’un nouvel arrivage de vaccin dont une partie sera affectée au secteur public, le reste réparti entre les officines qui ne se sentent plus motivées, ni concernées par l’adhésion à cette campagne, si leurs besoins ne sont pas couverts. Il y va de leur crédibilité auprès de leurs clients. On craint même des réactions violentes de la part de ces derniers à l’image de ce qui s’est passé récemment dans l’un de nos gouvernorats.

Il y a comme de la gabegie dans l’air et tout laisse supposer qu’on a décidé cette campagne de vaccination à la hâte, sans aucun planning ni estimation, même approximative, et ceux qui subissent les retombées de ce qui va devenir une crise sont les pharmaciens, soupçonnés à tort de spéculation, et qui demandent à ce que tout soit éclairci pour une opinion publique affolée, déçue, se sentant à juste titre flouée, et qui subit fortement la pression déprimante des communiqués de presse sur l’évolution de l’épidémie. De grâce, messieurs les responsables, n’ajoutez pas à notre supplice !

* Ancien cadre d’administration.

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