L’expert en gestion de déchets, Hamdi Chebâane, estime que le nombre des masques à usage unique jetés chaque jour en Tunisie est entre 5 et 6 millions de pièces. La situation va devenir de plus en plus catastrophique, notamment, en milieu urbain, en l’absence d’un comportement civique et de solutions d’élimination convenables ou de recyclage, prévient-il dans une déclaration à l’agence Tap.
Le port des masques de protection contre la Covid-19 est obligatoire en Tunisie, depuis août 2020, dans les aéroports, les gares, les ports, les hôpitaux et les grandes surfaces commerciales et dans les espaces de loisirs fermés. Aujourd’hui, il l’est aussi dans tous les espaces publics.
En plus de ces moyens de protection à usage unique, les Tunisiens achètent de plus en plus d’autres dispositifs pour se protéger de ce redoutable virus, dont les gants en plastique et les lingettes. Des produits qui doivent être jetés dans les poubelles, après quelques heures d’utilisation. «Pourtant, ils finissent sur les trottoirs ou dans les caniveaux, alors qu’ils peuvent être sources de contamination et de pollution», avertit l’expert.
Nous sommes tous concernés
«Ces nouveaux déchets, en plus d’accroître le risque de contamination, sont très néfastes pour l’environnement, car ils sont faits pour la plupart de plastique ou de dérivés du pétrole, comme du propylène non-tissé, des matières qui ne se décomposeront pas facilement, estiment des experts. Par exemple, un masque chirurgical mettra 450 ans pour se décomposer», explique M. Chebâane.
«Les ménages sont, désormais, des producteurs de déchets de soins ou de Covid-19, tout comme les établissements hospitaliers et les centres de confinement obligatoire. Ils sont appelés à procéder au tri des déchets à la source et à les isoler, dans un sac ou un contenant à part, pendant 12 à 24 heures pour éviter le risque de contamination», recommande M. Chebâane.
Les municipalités sont appelées, à leur tour, à doter les agents de la propreté de tenues protectrices, de gants et de tout le matériel de prévention nécessaires. Il faut aussi, que l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged) et l’Agence nationale de protection de l’environnement (ANPE) durcissent le contrôle des sociétés autorisées à collecter et à gérer les déchets de soin, pour éviter qu’ils ne soient déversés dans le milieu naturel, en mettant en péril la vie des personnes.
S’adapter à la «nouvelle normalité»
Personne ne peut prédire, pour le moment, quant est-ce que cette situation prendra fin. Tant qu’un vaccin sûr et efficace contre le coronavirus ne sera pas disponible, il y aura toujours un risque d’infection, même si les gens retournent au travail, à l’école et à une vie plus normale.
Pour cela, les autorités devraient penser, dès aujourd’hui, à des sanctions contre les actes inciviques et, aussi, à des dispositifs de collecte et d’élimination des «déchets d’activités de soins à risque infectieux» à l’hôpital comme auprès des centres de confinement ou encore des ménages.
En Europe, certains pensent, déjà, à donner une deuxième vie à ce matériel médical qui va être consommé à grande échelle, par millions d’unités, dans les mois à venir. Toutefois, dans un avis rendu le 29 avril 2020, le Haut conseil de l’Europe à la santé publique, a recommandé «de ne pas entreprendre des démarches de recyclage des masques chirurgicaux et de protection respiratoire de type FFP, pendant cette pandémie de la Covid-19 dans le secteur sanitaire et médico-social, du fait de l’absence de procédé complet de stérilisation validé, à ce jour».
Un consortium regroupant une vingtaine de laboratoires et d’industriels, mis sur pied par le chercheur du CNRS français, Philippe Cinquin, travaille, toutefois, à trouver une solution qui permettrait de les réutiliser en toute sécurité. Parmi les solutions de stérilisation, il prévoit l’irradiation par rayons gamma ou bêta, la décontamination à la vapeur ou le traitement à l’oxyde d’éthylène.
Source : Tap.
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