Le débat actuel autour du candidat tunisien idéal pour la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), Wadie Jary ou Tarek Bouchamaoui, n’est pas une affaire de lutte des classes, mais une opposition entre le vrai mérite et la mentalité de parvenu, entre l’honnêteté et la fourberie, entre les valeurs du sport et son utilisation à des fins politiques.
Par Farouk Zouhir *
Voilà que notre Wadie Jary national nous sort le bon vieil argument de la lutte des classes. Lui, le prolétaire, le fils du peuple, le pur produit des contrées déshéritées, champion de la méritocratie, qui a gravi tous les échelons à la force de ses bras, serait la victime impuissante de la «bourgeoisie» de la capitale, celle qui s’oppose becs et ongles à sa belle et fulgurante ascension vers le sommet de l’Afrique. On en a la larme à l’œil.
On en oublierait presque que ce chantre de la démocratie et de la justice sociale a fait de la Fédération tunisienne de football (FTF) son terrain de jeu privé. Après avoir changé le règlement pour pouvoir continuer son règne, il a usé de toute sa fourberie pour systématiquement faire tomber les listes de ceux qui osaient prétendre au poste, par de belles pirouettes réglementaires. Un modèle qu’on aimerait presque enseigner à nos jeunes générations tellement il fascine.
Peut-être que si notre bon vieux Wadie Jary, médecin malgré lui, mais politicien convaincu (n’est-ce pas Djo ?) passait un peu plus de temps à étudier l’histoire du sport national et des parcours de ceux qui ont participé à bâtir sa légende, qu’à éplucher les règlements pour trouver l’arme idéale à son ambition dévorante, serait-il en mesure de saisir la posture, le respect et le rôle fédérateur que lui impose sa fonction. Peut-être aurait-il appris du sport la notion de «décence», cette valeur qui fait qu’on ne se permet pas de manipuler les faits à sa guise dans le but de traiter les gens de menteurs devant l’opinion publique.
Tout ce brouhaha autour du candidat idéal pour la présidence de la CAF n’est pas une affaire de lutte des classes, mais une opposition entre le vrai mérite et la mentalité de parvenu, entre l’honnêteté et la fourberie, entre les valeurs du sport et son utilisation à des fins politiques.
Il est probable que, comme souvent, la fourberie vaincra et que Golum touchera son «précieux», mais ce qui est certain c’est que la trace qu’il laissera dans l’histoire du sport sera aussi noire que la fumée qui monte dans le ciel de Chebba en emportant avec elle une des seules sources de joie et de communion du peuple, pour nourrir son avidité toujours plus grande.
Elle est là la vraie mentalité bourgeoise, docteur !
* Chef d’entreprise (Sensea Lab).
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