Apparemment tout le monde s’est trompé. Ce n’est pas pour sauver la peau des médias illégaux (tels que Nessma et Zitouna TV) que la nouvelle troïka veut amender le décret-loi 116 relatif à la communication audiovisuelle, mais pour l’intérêt des citoyens, «qui se plaignent du manque de médias libres» (sic). C’est en tout cas la dernière excuse trouvée par Oussama Khelifi, chef du bloc parlementaire de Qalb Tounes, pour justifier cette initiative législative controversée.
Intervenu ce jeudi 22 octobre 2020, sur Shems FM, le député a assuré que ce n’est pas seulement la troïka parlementaire (Ennahdha, Qalb Tounes et Al-Karama) qui n’est pas satisfaite du paysage médiatique tunisien. C’est également le cas des professionnels du secteur, ainsi que des citoyens, selon Khelifi.
«Même le citoyen dit aujourd’hui qu’il n’y a pas de chaînes de télévision ou de radio libres. Il dit qu’il voit des bagarres partout et que même les chaînes nationales qui l’instruisent sont menacées de fermeture», a-t-il déclaré.
Des arguments légers, approximatifs, voire ridicules qui témoignent probablement du désespoir du député, après le report de la séance de vote pour l’amendement en question, du fait que les 109 voix nécessaires à son adoption n’ont pas été réunies.
En réalité, Khelifi n’a pas tout à fait tort. Il y a bien des médias qui manquent de liberté. C’est notamment le cas de Nessma, qui du fait de l’appartenance de ses propriétaires à un parti politique (Qalb Tounes) se trouve incapable de proposer un contenu libre ou, tout au moins, équilibré et impartial.
La solution pour cela est d’appliquer la loi qui interdit aux politiciens de détenir des médias, et non pas d’en promulguer une nouvelle qui légitime l’existence d’une telle situation.
Voilà pourquoi l’argument de «la libération du secteur médiatique», qu’emploient, sans modération, les initiateurs de l’amendement, relève d’une malhonnêteté intellectuelle hors du commun.
C. B. Y.
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