«Si on donne de l’argent [à l’Etat] aujourd’hui, que fera-t-on en 2021 ?», a demandé rhétoriquement le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, lors de son audition devant le Parlement, ce jeudi 5 novembre 2020, assurant qu’«on ne peut pas fermer un chantier en en ouvrant un autre», en réponse à l’appel lancé à la BCT par chef du gouvernement, Hichem Mechichi.
Abassi a, par ailleurs, expliqué que le rôle principal de la BCT est de lutter contre l’inflation et d’assurer la stabilité financière au cours de la période à venir, ajoutant que c’est grâce à cette stabilité financière qu’elle a pu injecter directement des fonds d’une valeur de 3,4 milliards de dinars. Un chiffre important pour son institution, a-t-il estimé, «au vu des circonstances [économiques et sociales] difficiles que connaît le pays».
La solution que propose Mechichi, qui consiste à ce que la BCT finance l’Etat pour pallier son déficit budgétaire, conduira, selon Abassi, à la hausse de l’inflation et à la dépréciation du dinar.
Il a, néanmoins, indiqué que si le Parlement promulgue une loi permettant ce genre de financement, la BCT la respectera. Et ce serait, à ce moment-là, aux députés d’en assumer les conséquences, a-t-il prévenu.
Le gouverneur de la Banque centrale a également mis en garde contre les campagnes qui cibleraient son institution, assurant que la question de son indépendance ne le préoccupe pas, et qu’il ne se soucie que de «la nécessité de trouver des solutions pour sortir de cette situation et éviter le pire».
L’économiste a, d’autre part, estimé que la fermeture des ports et l’arrêt de la production de phosphate entravent l’économie tunisienne, soulignant la nécessité de prendre des mesures réalistes et raisonnables pour la sauver l’économie.
«De nombreux étrangers veulent investir en Tunisie et l’instabilité politique et gouvernementale les retarde», a-t-il regretté dans le même contexte.
C. B. Y.
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