Donald Trump, dont l’imprévisibilité n’est pas le moindre défaut, serait-il tenté, avant de quitter la Maison blanche, de créer une situation de guerre avec l’Iran, afin de couper la route à tout rétablissement des négociations américano-iraniennes par son successeur Joe Biden ? Cette hypothèse ne peut être totalement écartée, le président américain sortant ayant pris des engagements importants à ce sujet vis-à-vis de ses partenaires, notamment israéliens et arabes du Golfe.
Par Elyes Kasri *
En vue de préserver ses arrières après son départ qui semble de plus en plus inéluctable de la Maison Blanche et dans l’objectif de prévenir tout rétablissement par l’administration Biden des négociations américano-iraniennes sur le programme nucléaire iranien et toute levée des sanctions frappant le régime iranien, le président américain sortant Donald Trump pourrait être tenté de créer une situation de guerre avec l’Iran avec la précieuse assistance du Mossad, l service des renseignements israélien, qui «favoriserait» l’incident spectaculaire justifiant une action militaire américano-israélienne contre l’Iran.
Cette perspective tendrait à conforter la position du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu qui est dans une situation délicate ainsi que les monarchies pétrolières qui ont récemment normalisé leurs relations avec Israël à l’instigation du président sortant Trump.
Elle laisserait un legs sulfureux au prochain président Biden en l’impliquant dans une guerre difficile à remporter ou tout du moins en le forçant à renoncer à une de ses promesses électorales de rétablir le dialogue avec le régime iranien initié par l’administration Barack Obama dont il assurait la vice-présidence.
Le récent limogeage du secrétaire d’Etat à la Défense Mark Esper pourrait être un prélude à ce scénario wagnérien.
La région du Golfe risque d’être une zone à haut risque jusqu’au 20 janvier 2021, date d’investiture du nouveau président Joe Biden.
* Ancien ambassadeur et spécialiste de géopolitique.
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